Off Jazz | François Bourassa en quartette et en duo, exemplaire !

par Alain Brunet

Jeudi au Ministère, le pianiste st compositeur François Bourassa donnait  le coup d’envoi du 24e Off Festival de jazz de Montréal, mis de l’avant à l’origine pour mettre de l’avant la communauté locale des artistes du jazz alors délaissés par le Festival international de jazz de Montréal –  contrairement aux années 80 et 90. Le positionnement du jazz local au FIJM se résume depuis lors à une série locale et quelques scènes extérieures, alors que l’OFF présente une trentaine de concerts chaque automne. Nous y voilà !

Programme double donc, côté François Bourassa.

Mis de l’avant par Philippe Côté, compositeur, arrangeur, improvisateur et saxophoniste, le projet Confluence consiste à aménager une œuvre composite impliquant les musiques contemporaines d’inspiration classique ou jazz. Endisqué à New York l’an dernier et très bientôt lancé sous étiquette Odd Sound, ce répertoire du duo met en commun leur intérêt pour l’exploration, notamment celui du piano préparé, une pratique rendue célèbre par l’Américain John Cage. La technique implique l’insertion d’objets dans les cordes du piano que gère la table d’harmonie. On obtient ainsi des sonorités inhabituelles, qui s’apparentent parfois au marimba. Les compositions au programme sont généralement simples et offrent une grande place à l’improvisation. Parfois deux pianos sont préparés, parfois un seul, les échanges peuvent impliquer deux pianos ou encore  saxophones (soprano ou ténor) et piano. Ces musiques laissent libre cours à l’improvisation libre mais l’harmonie (tonale ou modale) demeure présente tout au long de cette expérience.

En deuxième partie de programme, l’excellent quartette de François Bourassa reprenait du service à l’Off Festival de Jazz. Un quart de siècle de pratique a mené cet ensemble à une maturité exceptionnelle, voire une voie unique du jazz québécois sur l’entière planète jazz. La supravirtuosité du saxophoniste André Leroux et l’excellence compositionnelle de François Bourassa sont les clés de cette expression, qui repose néanmoins sur un impeccable soutien rythmique, gracieuseté de Guillaume Pilote et Guy Boisvert. Jeudi soir, nous avons (une fois de plus) pris la mesure de cette cohésion et de cette inspiration. Les connaissances profondes de François Bourassa en musique contemporaine de tradition classique et jazz l’ont mené à construire un langage virtuose libéré de tout carcan académique. Ce véhicule l’a mené à accomplir de petits miracles et l’album Swirl, sorti récemment sous étiquette Effendi, en démontre les avancées formelles car elles sortent très clairement du cadre habituel du jazz en petite formation.

Depuis les débuts du jazz moderne, les musiciens jouaient généralement un thème mélodique (head pour les intimes) avec l’accompagnement de la section rythmique, suivi d’une section dans laquelle tous les interprètes improvisaient des solos, puis revenaient à la mélodie d’intro au terme de l’exécution. Cette forme n’est plus exploitée (ou si peu) par François Bourassa, préférant inscrire les impros de ses collègues dans des structures différentes et variées. Encore une fois, on observe cette marche vers l’union des univers jazz et classique, un processus désormais inévitable. Chose certaine, François Bourassa en est une cheville ouvrière, au plus grand plaisir des mélomanes.

POP Montréal Jour 5 | Bonnie « Prince » Billy , seul et impérial sur scène

par Varun Swarup

En guise de dernier acte du festival Pop Montréal 2023, Bonnie « Prince » Billy a livré une performance qui a laissé au public du Rialto un fort sentiment d’émotion douce-amère.

Dès l’instant où il a gratté les premiers accords de New Partner, sa présence a attiré la foule comme des papillons de nuit vers une lumière incandescente. Sans groupe de soutien derrière lui, rien d’autre que son attitude attachante et sans prétention, associée à cet inimitable accent traînant du Kentucky, Bonnie « Prince » Billy a charmé tous les cœurs présents.

Pendant qu’il chantait, chaque mot et chaque syllabe avait un poids, laissant le public suspendus à ses lèvres, essayant de déchiffrer les profondeurs de son esprit poétique. Il a déballé un set tentaculaire, couvrant deux décennies de sa création musicale. Mais nous avons bien sûr eu droit à des chansons de son dernier album, Keeping Secrets Will Destroy You.

La magie de la soirée ne s’est cependant pas limitée uniquement à la performance de Bonnie « Prince » Billy. Commençant par le set d’ouverture de la chanteuse Beyries, toute la soirée ressemblait à un voyage dans une époque plus simple, rappelant néanmoins les riches traditions de la musique folk nord-américaine. La performance de Bonnie « Prince» Billy, avec sa narration intime et émotionnelle, était un clin d’œil aux troubadours folkloriques d’autrefois, transmettant leur héritage à l’ère moderne.

I AM X OSM ? Jubilatoire et… presque symphonique

par Alain Brunet

crédit photo: Antoine Saito

Depuis avril  2020, ce programme de I AM avec orchestre symphonique a été reporté trois fois, pour des raisons de pandémie, de résistance anti-vax au sein du groupe, d’agendas de tournée difficiles à gérer. Rappelons également que le concept I Am symphonique, référence absolue du rap français des années 1990-2000, est aussi québécois : arrangements de Blair Thomson et direction de Dina Gilbert. Rappelons que le même tandem a mené à bien un concept symphonique avec le rap keb, on ne peut mieux réussi.

Après tant d’attente, donc, 19 titres pour 1900 fans finis ! Alors on imagine d’emblée une ambiance d’enfer à la Maison symphonique de Montréal.  Quatre soirs  d’affilée cette semaine, I AM met de l’avant ses classiques, très majoritairement issus de L’école du micro d’argent qui demeure l’album de référence. 

Mardi soir, la foule était vendue d’avance, il aurait fallu une performance catastrophique pour que la déception l’emporte sur l’allégresse, la nostalgie jubilatoire, cet univers de samouraïs, pharaons, commandos de la diversité marseillaise, apôtres de la zone ayant trouvé leur voie dans le hip-hop.

À chacune des pièces au programme, la salle entière se levait systématiquement  et transformait la Maison symphonique en un immense club de nuit, ce qu’on observe rarement en ces lieux chics et de bon goût. Très majoritairement, les fans ont scandé les 12 morceaux de L’École du micro d’argent, tout comme le reste du répertoire puisé dans les opus Yasuké, Ombre est lumière, Rêvolution, Où je vis (Shurik’n), Sol Invictus (Akhénaton), Métèque et mat (Akhénaton). Sauf une paire de titres relativement récents, on se plongeait dans les années 1990, début 2000. 

Sobrement vêtus de noir, les rappeurs et chanteurs Akhenaton, Shurik’n, Kephren, Imhotep ainsi que leur DJ / producteur Kheops étaient accompagnés de 2 choristes (dont l’excellente Malika Tirolien) et, bien sûr, de l’OSM. Akhénaton et Shurik’n demeurent les principaux canons de cette artillerie lourde, tous les rappeurs et chanteurs de I AM manifestent  une maîtrise parfaite de leurs textes, de leur déclamation et de leur gestuelle. Les stars de I AM ont su nous rafraîchir la mémoire jusqu’en 1993, année de la sortie de leur mégatube  servi comme il se doit sur un fond funky-disco: le sommet de la courbe d’intensité fut atteint au 12e morceau, on a dansé à fond le Mia!

Toutefois… L’équilibre entre les voix, le beat, les sons du DJ et l’orchestre symphonique, est délicat, difficile à atteindre… et n’a pas été atteint mardi.

On nous a indiqué que le sonorisateur est lié au fameux groupe. Convenons que le mec peut être très compétent  dans les conditions normales d’un spectacle de rap mais… dans un contexte symphonique, il a raté la coche sauf dans les moments plus calmes du programme.

Dommage car les arrangements de Blair Thomson sont construits tels des motifs destinés à propulser l’orchestre en phase parfaite avec les rappeurs. L’arrangeur montréalais a même prévu donner à ses partitions ses consignes rythmiques en BPM au lieu du langage classique convenu (largo, lento, adagio, moderato, allegro, presto). Par ces procédés innovants, Blair Thomson évite qu’on se roule bêtement dans une moquette tonale et gnangnan; les choix harmoniques sont plus modernes, audacieux et contribuent à mener l’expérience du  rap symphonique à un niveau supérieur. Or ce travail rigoureux et inspiré doit être pris en compte dans l’exécution devant public et … le soundman de I AM ne semble pas avoir pigé l’affaire, du moins dans le contexte d’une première exécution montréalaise.

Enfin… visiblement, ces irritants ne semblent pas avoir  été ressentis par ce public ravi par la venue de I AM. La simple présence de l’OSM derrière cette escouade d’enfer suffisait à galvaniser la foule qui, sauf une minorité d’oreilles pointilleuses, n’y a vu que du feu.

LISTE DES PIÈCES ET VITESSE D’EXÉCUTION EN BPM (beat per minute)

1.  L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT 90 BPM  – L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

2.  NÉS SOUS LA MÊME ÉTOILE 93 BPM –  L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

3.  BOUGER LA TÊTE 89.1 BPM L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

4. YASUKÉ 83 BPMYASUKÉ

5.  LA SAGA 87.7 BPML’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

6.  SAMURAÏ 88 BPM OÙ JE VIS (SHURIK’N)

7.  CHEZ LE MAC 89 BPML’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

8.  UN BON SON BRUT POUR LES TRUANDS 93 BPM  – L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

9.  MON TEXTE, LE SAVON 82 BPMSOL INVICTUS (AKHÉNATON)

10. INDEPENDENZA 89 BPML’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

11. ELLE DONNE SON CORPS AVANT SON NOM 86.2 BPM –  L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

12. LE MIA 101.3 BPMOMBRE EST LUMIÈRE

13. LES MIENS 88 BPM  –  OÙ JE VIS (SHURIK’N)

14. PETIT FRÈRE 88 BPML’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT 

15. L’EMPIRE DU CÔTÉ OBSCUR 93 BPM L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

16. BAD BOYS DE MARSEILLE 84.5 BPMMÉTÈQUE ET MAT (AKHÉNATON)

17. QUAND TU ALLAIS, ON REVENAIT  87.8 BPM L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

18. GRANDS RÊVES, GRANDES BOÎTES 84 BPMRÊVOLUTION

19. DEMAIN C’EST LOIN 90 BPM –  L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT

 IAM x OSM à la Maison symphonique de Montréal, les 4, 5 et 6 octobre

Dumas à la Place des Arts : Un vaisseau funky

par Claude André

C’est un Dumas à la fois super showman et humble gentilhomme que nous avons retrouvé samedi dernier à la Cinquième salle de la Place des arts dans le cadre de Cosmologie, son nouveau spectacle.

Après une tournées en solo et une autre que célébrait les vingt du mythique album Le cours des jours pendant la période pandémique, le sympathique Dumas renouait avec le public montréalais le week-end dernier histoire de dégoupiller ses nombreux tubes glanés parmi ses douze albums en compagnie des chevronnés musiciens.

Le claviériste Gabriel Godbout-Castonguay de la formation Les Louanges dont la tournée vient de s’achever ; Philippe Beaudin, l’homme-pieuvre aux percus qui a triomphé à Nice cet été avec The Brooks ;  Marc-André Larocque, le vieux complice perdu puis retrouvé aux baguettes ; et le solide François Plante à la 4 cordes. 

Comme pour nous remercier d’avoir accepté trois nouvelles chansons d’entrée de jeu, car c’est bien connu, on veut des hits, Dumas a introduit son classique J’erre après une longue intro musicale question de nous faire languir. Puis, rappel du temps qui passe, le chanteur de Victo a semblé étonné lorsque, tandis qu’il tendait l’oreille, une spectatrice a balancé à la fin de la ligne rappelle moi le jour de tes… un senti « 45 ans », plutôt que le « 25 » attendu de la version originale!

Un titre hyper accrocheur qui devait faire décoller le vaisseau dumassien vers des galaxie funky ainsi que des nébuleuses technos parsemées d’éclipses chansonnières revisitant ainsi deux décennies de succès hertziens. Y allant même d’intrusion dans sa période où, dit-il, « il s’était perdu en studio». 

Résultat? Bien que la Cinquième salle n’ait rien d’un cabaret où valsent les bouteilles de blonde pétillante, le public, composé aussi de plusieurs têtes grises, a passé plus de temps à danser qu’assis sur son fauteuil. 

Vers la fin du spectacle, Dumas, bon enfant, comme pour nous survolter davantage, a enfilé sa guitare qui flashe et ses lunettes multicolores scintillantes histoire de se la jouer extra-terrestre en se baladant dans la salle. Pour notre plus grand bonheur, certes, mais surement celui d’une gamine qui a pu gratter la guit’ interstellaire pendant Vertigo. Elle en parlera sans doute à ses enfants dans… vingt-cinq ans. 

Un gimmick classique, mais toujours efficace, tandis que l’auteur de ce texte, sourire en coin, se disait « M sort de ce corps ».

Le tout s’est conclu par un généreux rappel composé, notamment, de la magnifique Linoléum dont nous la foule a repris en chœur, dont votre serviteur, une fois l’éclair de cynisme passé, la ligne phare « oublie moi y’a plus personne, j’ai coupé le téléphone » comme s’il s’agissait d’un mantra. 

Soulignons au passage les très beaux éclairages, issus de la scène elle-même, signés François Lévesque qui reproduisaient, parfois, le moment où la lune vient cacher le soleil histoire de magnifier le ciel de nos banalités. 

Bref, il nous l’a confirmé samedi, au sein du corpus québécois, Dumas n’aura pas été qu’une nébuleuse, mais bien un météore.

Orchestre Philharmonique du Québec, sacrilège à l’horizon ?

par

Sous la gouverne du violoniste virtuose Alexandre Da Costa, l’Orchestre Philharmonique du Québec tente de donner une nouvelle identité à ce qui fut l’Orchestre symphonique de Longueuil, avec la controverse que l’on sait – démissions en bloc, conflit de travail, désaffection financière de la municipalité, mauvaise presse du côté de la critique patentée, enfin bref la controverse.

Plutôt que de poursuivre la voie « normale » d’un soliste classique de talent, à qui on a confié un Stradivarius pour des raisons évidentes, Alexandre Da Costa a légitimement choisi cette voie hybride qui peut mener au meilleur comme au pire. Dans le cas qui nous occupe, tout est question de direction artistique et de qualité d’exécution. Les transgressions sont toutes bienvenues lorsqu’elles sont concluantes, aucun sacrilège à l’horizon.

Contre vents et marées, donc, la direction artistique de l’OPQ persiste et signe. On a pu le constater au Théâtre Maisonneuve dimanche dernier, l’approche s’inspire des orchestres symphoniques dédiés au grand public via un répertoire d’évidences classiques et pop. Après tous les reproches adressés à sa direction, après la démission de près de la moitié de l’orchestre, Da Costa et sa quarantaine de musiciens (dont plusieurs nouvellement embauchés) se produisaient devant un parterre bien garni et diversifié au Théâtre Maisonneuve. Et ce parterre a chaudement applaudi au terme de ce premier concert de l’orchestre transmuté.

Pour les férus de musique classique, l’approche demeure  suspecte : il serait inacceptable d’entrelarder les mouvements d’une symphonie, soit l’incontournable  9e de Beethoven avec des airs populaires archi-connus de quiconque: Amazing Grace, Ne touchons pas à la beauté du monde, etc. D’origines juive, antillaise autochtone, québécoise de souche et plus encore, les solistes et choristes témoignent de notre diversité culturelle, en soi un geste progressiste de l’OPQ.

Ainsi, le Finale de la fameuse 9e et son célébrissime Hymne à la joie porte le texte d’un auteur québécois, Louis-Philippe Hébert. De plus, l’exécution de ce quatrième mouvement n’était pas assortie d’un choeur classique mais plutôt d’un combo de chanteuses et chanteurs de différentes allégeances et formations musicales, de la soprano Sharon Azrieli à la chanteuse soul/R&B/gospel Yama Laurent en passant par la chanteuse pop Éléonore Lagacé (visiblement éduquée au chant lyrique) ou l’auteur-compositeur-interprète folk-pop Shauit, de la Nation innue. Fait à noter,les solistes recrutés étaient de formation classique  mais tendaient  à se fondre dans l’expression de leurs collègues pop.

Au-delà de cette particularité intéressante, l’exécution de la charpente de ce programme (la 9e) n’était pas exemplaire, plutôt mince mais correcte, on imagine que  l’OPQ devra jouer plusieurs fois avant d’acquérir le son souhaité par son chef et soliste, à condition bien sûr que le climat de travail redevienne optimal au cours des mois à venir.

On peut aussi présumer que la portion congrue du public présent au coup d’envoi de l’OPQ n’a rien à cirer de ces considérations, et que l’orchestre peut vraiment espérer conquérir un auditoire beaucoup plus vaste que celui de l’ancien Orchestre symphonique de Longueuil. Pour le meilleur ou pour le pire ? Cela reste à voir et nous y verrons.

Pop Montréal Jour 5 | Tangerine Dream, un brin ennuyeux…

par Varun Swarup

POP Montréal est sans aucun doute l’un des événements majeurs de l’automne pour les vrais amateurs de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et d’acclamations d’artistes nichés dans la pop se déroulent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !

Tout musicien qui a songé, ne serait-ce que de loin, à expérimenter les synthétiseurs pour obtenir des sons spatiaux doit beaucoup à Tangerine Dream, un groupe qui a 56 ans et qui, d’une manière ou d’une autre, est toujours en pleine forme. En tout cas, sous une forme différente.

Formé en 1967 par Edgar Froese à Berlin-Ouest, Tangerine Dream a été un projet important pour le développement du Krautrock, de la Kosmische Musik et d’autres genres qui s’appuyaient sur des instruments de synthétiseurs. Avec des groupes comme Kraftwerk et Pink Floyd, Tangerine Dream a contribué à populariser le synthétiseur, en particulier la série Moog, en créant de longs paysages sonores électroniques. Les films, les livres et les séries télévisées, comme la populaire épopée de Netflix, Stranger Things, citent tous Tangerine Dream comme une influence. En fait, c’est l’un des groupes les plus importants de l’histoire de la musique des 20e et 21e siècles.

Le groupe a connu une rotation de près de 30 membres et, depuis 20 ans, il est piloté par le leader Thorsten Quaeschning – qui a été le successeur choisi de Froese après son décès en 2015.Un jeune synthétiseur, Paul Frick, a rejoint le groupe il y a trois ans, et Hoshiko Yamane est arrivée au violon il y a 12 ans. C’est donc ce trio qu’est Tangerine Dream aujourd’hui et c’est ce que nous avons vu le dernier jour de Pop Montréal à l’Olympia, et c’était… bien.

Je dois dire que certains mouvements du répertoire de Tangerine Dream, qui ne cesse de s’étendre, ont de l’allure, comme le  » Los Santos City Map  » de 2019, tiré du jeu vidéo populaire Grand Theft Auto V. Pourtant, la plus grande partie de ce concert, qui a duré presque deux heures sans ouverture, s’est déroulée sans but précis.Je crois que j’aime bien plus de variations dans ma synth-wave que des arpèges oscillants de huit minutes qui sont légèrement modifiés par un violon électro cool.

Alexandre Da Costa et l’Orchestre philharmonique du Québec: sacrilège à l’horizon ?

par Alain Brunet

Sous la gouverne du violoniste virtuose Alexandre Da Costa, l’Orchestre Philharmonique du Québec tente de donner une nouvelle identité à ce qui fut l’Orchestre symphonique de Longueuil, avec la controverse que l’on sait – démissions en bloc, conflit de travail, désaffection financière de la municipalité, mauvaise presse du côté de la critique patentée, enfin bref la controverse.

Plutôt que de poursuivre la voie « normale » d’un soliste classique de talent, à qui on a confié un Stradivarius pour des raisons évidentes, Alexandre Da Costa a légitimement choisi cette voie hybride qui peut mener au meilleur comme au pire. Dans le cas qui nous occupe, tout est question de direction artistique et de qualité d’exécution. Les transgressions sont toutes bienvenues lorsqu’elles sont concluantes, aucun sacrilège à l’horizon.

Contre vents et marées, donc, la direction artistique de l’OPQ persiste et signe. On a pu le constater au Théâtre Maisonneuve le dimanche1er octobre dernier, l’approche s’inspire des orchestres symphoniques dédiés au grand public via un répertoire d’évidences classiques et pop. Après tous les reproches adressés à sa direction, après la démission de près de la moitié de l’orchestre, Da Costa et sa quarantaine de musiciens (dont plusieurs nouvellement embauchés) se produisaient devant un parterre bien garni et diversifié au Théâtre Maisonneuve. Et ce parterre a chaudement applaudi au terme de ce premier concert de l’orchestre transmuté.

Pour les férus de musique classique, l’approche demeure  suspecte : il serait inacceptable d’entrelarder les mouvements d’une symphonie, soit l’incontournable  9e de Beethoven avec des airs populaires archi-connus de quiconque: Amazing Grace, Ne touchons pas à la beauté du monde, etc. D’origines juive, antillaise autochtone, québécoise de souche et plus encore, les solistes et choristes témoignent de notre diversité culturelle, en soi un geste progressiste de l’OPQ.

Ainsi, le Finale de la fameuse 9e et son célébrissime Hymne à la joie porte le texte d’un auteur québécois, Louis-Philippe Hébert. De plus, l’exécution de ce quatrième mouvement n’était pas assortie d’un chœur classique mais plutôt d’un combo de chanteuses et chanteurs de différentes allégeances et formations musicales, de la soprano Sharon Azrieli à la chanteuse soul/R&B/gospel Yama Laurent en passant par la chanteuse pop  Éléonore Lagacé (visiblement éduquée au chant lyrique). Fait à noter,les solistes recrutés étaient de formation classique  mais tendaient  à se fondre dans l’expression de leurs collègues pop.

Au-delà de cette particularité intéressante, l’exécution de la charpente de ce programme (la 9e) n’était pas exemplaire, plutôt mince, on imagine que  l’OPQ devra jouer plusieurs fois avant d’acquérir le son souhaité par son chef et soliste, à condition bien sûr que le climat de travail redevienne optimal au cours des mois à venir.

On peut aussi présumer que la portion congrue du public présent au coup d’envoi de l’OPQ n’a rien à cirer de ces considérations, et que l’orchestre peut espérer conquérir un auditoire beaucoup plus vaste que celui de l’ancien Orchestre symphonique de Longueuil. Pour le meilleur ou pour le pire ? Cela reste à voir et nous y verrons.

POP Montréal Jour 4 | Beatrice Deer, du Grand Nord à l’Outremont

par Alain Brunet

POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche ! 

Si sa communauté la voit de près, on la voit au loin. Beatrice Deer pagaie parmi les vedettes pop du Grand Nord, le kayak accostait à Montréal  ce samedi. Depuis au moins une douzaine d’années, cette artiste inuit exprime et peaufine son artisanat devenu art.

Entourée de très bons musiciens férus de toutes les genres constitutifs de l’americana, elle intègre aussi les chants traditionnels et jeux de gorge du Nunavik, elle honore aussi son héritage kanienkehaka (mohawk) du côté de son père ou Québécoise blanche du côté de sa grand-mère.

Même si parfois ricaneuse et dotée d’un humour caustique, Beatrice Deer exhale de la douceur, de l’empathie, de la sagesse. Elle prend tout son temps pour communiquer avec son public, en anglais, en inuktitut et en français. Ses présentations sont pour la plupart teintées d’un engagement pour la cause autochtone et la dénonciation de l’oppression coloniale.

Ainsi elle se  trouve au Théâtre Outremont un soir de Journée nationale de la  vérité et de la réconciliation. Le parterre est garni aux deux-tiers, le reste est vide, donc pas vraiment  de buzz majeur dans cette parcelle de territoire non cédé. Un concert donné au Rialto aurait-il attiré davantage ? Allez savoir.

La musique au programme (notamment la matière de l’album Shifting, paru il y a près de 2 ans) rassemble des formes folk, rock, quelques composantes exploratoires surgissent ça et là dans son répertoire récent. 

Beatrice Deer, en fait, n’a rien d’une artiste émergente, elle fait bel et bien partie de cette renaissance historique de la culture autochtone amorcée au tournant des  années 2010, époque de son entrée en jeu.

POP Montréal Jour 4 | stockdale, coup de cœur au Diving Bell

par

POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche ! 

La formation allemande stockdale fait bonne impression en sol canadien 

En provenance de Berlin en Allemagne, stockdale a donné le coup d’envoi de la soirée au Diving Bell, samedi soir. Formée par les trois auteurs-compositeurs-interprètes Nomé, Pilgrim et Johdi, la formation allemande incarne à merveille la nouvelle génération d’artistes, explorant une multitude de genres différents en combinant hip-hop à la dream pop, le R&B, le jazz et bien plus. Chacun de leurs morceaux nous plonge dans un univers différent et les influences sont diverses pour les trois membres; Johdi fait drôlement penser au défunt Mac Miller, Nomé alterne entre chant et rap avec une voix à la Frank Ocean et Pilgrim se situe quelque part entre Phoebe Bridgers & Clairo. 

Autant sur scène qu’en musique, les trois protagonistes se complètent à merveille. Accompagné par un le DJ et producteur du groupe, stockdale déploie une superbe chimie. Rires, sourires en coin et regards mesquins sont au rendez-vous et les rendent davantage attachants. Les textes ainsi que les moments de rap sont bons et les interventions de Pilgrim ajoutent une couche sensibilité à leur art. En plus de leur matériel, ils ont offert une excellente reprise du titre River de Leon Bridges. Nul doute, stockdale est ma découverte de la soirée au Diving Bell!

Mozes Jones, encore plus jazz que prévu

En fin de soirée, c’était au tour du Montréalais Mosez Jones de s’amener devant la petite foule du Diving Bell. Entouré d’un claviériste, de deux guitaristes et d’un batteur, le rappeur a offert une rendition jazz de ses meilleurs titres. Débordant d’assurance, il livre sa poésie avec un flow découpé et transmet directement ses émotions au public. Entre rap old-school et boom bap, Jones alterne habilement entre chant et rap puis amène un côté R&B à son oeuvre. 

Rapidement, les gens amassés près de la scène se sont mis à sauter et s’ambiancer sur ses différents sons. Comme promis dans notre interview avec lui plus tôt cette semaine (que vous pouvez d’ailleurs lire ici!), il a présenté plusieurs morceaux inédits. Le chant y occupe une place plus importante, ce qui n’est pas de refus et fait différent du reste de son matériel. L’essence de sa musique demeure tout de même similaire, soit des textes soignés accompagnés d’excellentes productions. Pas déplaisant du tout en live!

1000joules, une véritable boule d’énergie sur scène

Originaire de Toronto et maintenant installée à Montréal, la chanteuse 1000joules fait son entrée vêtue d’un drap vert puis se dirige vers le micro. Mystérieuse, elle prend la foule de court et débute avec un rap percutant. C’est intéressant et ça donne le ton. À la fin de son premier titre, la jeune artiste retire son costume et se dévoile au public. 

Bien qu’elle ait lancé les hostilités avec du rap, c’est plutôt au chant que 1000joules s’illustre. En formule band, sa proposition a une structure jazz et une essence soul. Ses thèmes sont divers, allant de la spiritualité à l’amour queer. « Vous vous dites sûrement « Non mais quelle bitch homosexuelle! », et c’est exactement ce que je suis », lance-t-elle avant de débuter un morceau parlant de ses amours masculins du passé avant de s’assumer pleinement. 1000joules est charismatique, expressive et sa musique est sensuelle. C’est différent et ça plait!

Claire Ridgely, sensible et honnête en acoustique

Avant d’atterrir à Montréal, l’auteure-compositrice-interprète Claire Ridgely a grandi entre Lausanne et la petite ville de McLean en Virginie. Assise sur un petit tabouret aux côtés de son guitariste, Ridgely a certes fait différent des autres actes de la soirée. 100% en acoustique, la chanteuse a livré des ballades romanesques aux airs folk et pop. Dans cette formule, elle brille davantage que dans ses enregistrements. Sa voix douce et enveloppante est venue bercer la foule du Diving Bell.

Claire Ridgely chante principalement en anglais, mais a offert quelques lignes en français, dont un extrait de son prochain EP. Le résultat est sympa et elle devrait définitivement explorer ce créneau davantage. 

Comparé aux autres artistes, son temps sur scène m’a paru quelque peu redondant. Donnons-lui le crédit, Ridgely détonnait grandement du reste du lot et a tout de même réussi à captiver le public.

POP Montréal Jour 4 | Hand Habits, frais et résonant

par Varun Swarup

crédit photo: Tess Roby

POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !

Alors que Hand Habits montait sur scène, l’historique Théâtre Rialto s’est effacé des mémoires et la salle s’est transformée en une sorte de salon d’ami. La soirée a été une affaire intime et folk. Tandis que la voix chaleureuse de Meg Duffy remplissait l’espace caverneux, nous avons été entraînés dans l’univers sonore soft-rock de son groupe.

Avec maintenant la matière de quatre albums derrière la cravate, nous pouvions avoir droit à une setlist soigneusement organisée qui présentait un mélange de classiques très appréciés des fans. Cependant, le point fort de la soirée fut sans aucun doute braqué sur les morceaux de leur dernier EP, Sugar the Bruise. Ces chansons, fraîches et résonantes, voient Meg Duffy puisier plus profondément en leur-même, et entendre Private Life en live était véritablement une expérience d’émotion et de vulnérabilité partagée. Peu d’artistes en sont capables, mais Duffy l’est certainement.

POP Montréal Jour 4 | Un samedi soir à l’Esco: N Nao, Activity, Water From Your Eyes

par Théo Reinhardt

POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche ! 

Activity

Activity est un quartette offrant un rock lent et atmosphérique avec crescendos occasionnels. L’inspiration post-rock est bien présente, mais on entend aussi parfois dans les rythmes des renvois au trip-hop, façon Mezzanine, disons. Il y a usage extensif de feedback, de frottement de cordes et de réverbération pour installer les paysages sonores. La voix du chanteur est nasillarde et apathique. 

Sombre et stoïque, la musique de ce groupe se démarque de par sa retenue. On sent qu’on ne nous offre que la surface, que ça bouillonne en dessous sans qu’on puisse le voir. Or, la grosse caisse résonne au max, elle est tectonique. Activity évoque donc autant une bouche de volcan qu’un lac calme et menaçant en pleine nuit. C’est lugubre.  Même si on aimerait moins se sentir constamment dans l’attente, la musique est envoûtante.

N NAO

Si le côté expérimental de N NAO est un peu surévalué, cette musique prend entièrement son sens en performance live. La proposition est beaucoup plus frappante, surtout dans l’espace exigu de l’Escogriffe. Ça oscille vers le bruitisme, vers l’art de performance. Le cours d’eau de N NAO, symbole de prédilection pour l’album, devient une chute, un tsunami. Avec un percussionniste et un guitariste-magicien sonore, Naomie de Lorimier a complètement tiré la foule dans ses courants profonds. À l’aide de looping, de bricolage, de sons enregistrés et d’usage de divers objets, la musique tend vers un impressionnisme sensuel à souhait. Le tout est évocateur, romantique, chaotique et parfois violent. Ces sentiments forts ont charmé, et ne sont pas près de nous quitter.

Water From Your Eyes

Prenez le rock de garage, offrez-lui autant d’excitants que de dépresseurs, faites-lui cracher de l’encre noire, lancez-lui quelques couteaux et shurikens dessus, et vous avez une image qui ressemble un peu à Water From Your Eyes. Il s’agit d’un mélange pop, punk, rock, aux rythmes casse-gueule programmés et à la présence vocale nonchalante, sorte de patchwork acidulé et corrosif de la vie moderne. Le ton de guitare est abîmé, la basse est croustillante… chaque élément musical semble être sorti de sa place d’origine, tenu aux autres par du fil barbelé. Water From Your Eyes, comme leur nom l’indique, se dérobent de sentimentalité, ont un point de vue quasi extraterrestre. On ne dira pas alors qu’on dansait, mais qu’on oscillait violemment la tête d’un côté à l’autre.

POP Montréal Jour 4 | Vérité et réconciliation jazz à la Sala Rossa

par Laurent Bellemare

POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche ! 

Mali Obomsawin Sextet

La contrebassiste abénakie Mali Obomsawin avait fait sensation en juillet dernier, lors du passage de son sextet au Festival International de Jazz de Montréal. Dans un contexte cette fois plus intime, notamment dû à l’absence de son guitariste, l’ensemble a débuté son programme avec une excellente reprise d’Alice Coltrane. Cette interprétation donnait bien le ton à cette prestation à la croisée de différents genres musicaux.

Parsemée de quelques autres reprises, la performance du groupe était surtout ancrée dans le répertoire de Sweet Tooth, le premier album d’Obomsawin. Il s’agit d’une combinaison fort intéressante entre du jazz, du folk et de l’improvisation libre qui ne manque pas de contraste. La pièce très cinglante Wawasint8da est un arrangement d’un hymne catholique chanté en abénaki dont la mélodie répétée est progressivement déconstruire en improvisation sans forme. On oscille donc entre des moments très accrocheurs et des formes plus libres et ouvertes. Encore une fois, Mali Obomsawin et son orchestre ont fait la démonstration d’un répertoire dynamique et très bien ficelé, le tout exécuté par des musicien.ne.s hors pair. L’avenir est prometteur pour cette jeune musicienne qui, par ailleurs, vient d’une lignée familiale de musiciens.

Pompey

Pompey est monté sur la scène d’une Sala Rossa pleine à craquer, d’abord uniquement muni d’une guitare. La prestation semblait alors être celle d’un auteur/compositeur/interprète s’accompagnant à la guitare comme il en existe par millier. Dans l’essence, c’est bel et bien ce que cette performance aura été, quoiqu’une belle progression a permis de garder les choses intéressantes d’un morceau à l’autre. D’abord seul, Pompey a accueilli une chanteuse de soutien pour sa deuxième pièce. Cette dernière s’est ensuite attelée à la basse électrique, jointe par une seconde bassiste ainsi qu’un batteur. La formation a donc permis en quelque sorte d’augmenter les chansons de Pompey, dont les accords arpégés accompagnaient une voix de tête douce et toujours seuil de l’audible. Le groupe permettait donc l’ajout de dynamiques intéressantes, rendant les morceaux légèrement progressifs et leur donnant également des accents post-rock. 

En somme, ce premier concert de Pompey était une affaire bien personnelle, quoique plutôt convenue. Si le tout était bien exécuté, c’est surtout grâce à ses interactions à la fois maladroites et drôles que l’artiste a pu conquérir son public hier soir. Quoi qu’il en soit, Pompey est un musicien d’ici dont on entendra sans doute parler davantage dans les années à venir.

Sarah Rossy

Plus tard, c’est un pop complexe et texturé qui résonnait dans la salle avec Sarah Rossy et son collectif. Passant aisément de voix de coffre à voix de tête, l’artiste s’accompagnait de lignes pianistiques élaborées sur son synthétiseur. Les années d’études jazz étaient ici très audibles, notamment de par les modulations souvent imprévisibles qu’empruntaient les lignes mélodiques. La qualité de la performance des autres musicien.ne.s mérite également d’être soulignée. La batteuse avait un jeu d’une technicité remarquable et ornait savoureusement les rythmes allant des pièces. Aux cordes, le bassiste accentuait efficacement les syncopes alors que le guitariste s’adonnait à des fioritures ad lib. Porté par le charisme de Rossy, le groupe interprétait les titres avec une bonne dose de spontanéité et d’improvisation.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’artiste montréalaise s’invente un monde sonore très personnel, extraverti et coloré. Les accroches pop sont bien là, mais imbibées d’arrangements savants et éthérés.

Inscrivez-vous à l'infolettre