période romantique

Festival de Lanaudière 2024 | OSM/Levanon : on a sauvé le match en deuxième demie

par Frédéric Cardin

Soirée attendue, ce samedi 20 juillet, à l’Amphithéâtre de Lanaudière : le jeune pianiste isarélien Yoav Levanon effectuait ses débuts avec la phalange montréalaise dans un concerto éminemment spectaculaire, le Tchaïkovsky. On nous le vante, ce jeune homme qui a débuté sur scène à 7 ans, rien de moins. L’entrée impériale des cors, absolument parfaits, laisse entrevoir quelque chose de posé, niveau tempo, mais dessiné avec attention. Puis arrive Levanon. Une certaine force dans le geste, certes, mais sans éclat particulier. Ensuite, des erreurs techniques parsèment le jeu, ici et là. On peut pardonner, bien sûr, si seulement c’est compensé par un investissement total et communicatif. Mais non, pas ici. On reste finalement bien calé dans notre siège, jamais soulevé par un souffle émotionnel qu’on attend en vain. Interprétation convenable sans plus, voire convenue. Levanon reprend vie on dirait, dans le rappel : très belle Campanella de Liszt, qui s’épanouit en gerbes de subtiles couleurs et délicates textures. L’OSM est, lui, superbe du début à la fin. Payare fait de son mieux pour habiller la chose. C’est presque un sans faute, un très court mais notable décalage rythmique des bois dans le 3e mouvement refuse une note qui aurait pu être parfaite. En deuxième partie, on attendait l’orchestre avec impatience dans le Scheherazade de Rimski-Korsakov, espérant retrouver une dose d’adrénaline que le piano de Levanon n’a pas su apporter précédemment. Côté coloris, c’est beau, très beau même. Payare tisse une toile adéquatement chamoirée, avec de belles et expressives nuances. Le jeu d’ensemble de l’orchestre est au rendez-vous, particulièrement chez les cuivres, vibrants et stentoriaux. Les bois pépient et virevoltent spectaculairement, les cordes sont moelleuses et chaleureuses en cette soirée un peu frisquette. Cela dit, des erreurs techniques assez ostentatoires sont commises chez quelques solistes dans des passages à découverts (trompette, cor). On n’est pas habitué. Pour d’autres heureusement, c’est plutôt du sublime : Andrew Wan, violon solo, divin, envoûtant de beauté sonore. De longues ovations du public ont confirmé la chose. Mathieu Harel également, absolument parfait dans ses solos de basson. Au final, peut-être pas la meilleure soirée impliquanr l’OSM, mais on sauve le match en deuxième demie.

Afrique / Maghreb / Océan Indien

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Sofaz groove!

par Keithy Antoine

Les membres de Sofaz viennent de la Réunion, du Maroc, du Burkina Faso et de la France métropolitaine. Ces globes et groove trotteurs offraient vendredi un formidable spectacle !

Sofaz se produisait sur la grande scène TD Radio-Canada, pour le 38e Festival International Nuits d’Afrique. Pour le grand bonheur de ses nombreux admirateurs,Sofaz a fait chanter, danser, sauter. Les 6 membres de la formation ont ainsi créé instantanément le climat propice à une soirée unique, générant un sentiment d’unité et de famille à travers cette foule très diversifiée, et rassemblée pour célébrer la vie maintenant. Nous pouvions toutes et tous célébrer cette musique qui nous nous unit, et qui nous permet de sourire à notre voisin immédiat.

Les instruments de musique, leurs origines et leurs histoires, occupent une place centrale pour Sofaz, ça se voit et s’entend. En vedette on entend le son familier de la guitare, des claviers et de la batterie, mais aussi celui du djembe d’Afrique de l’Ouest ou du guembri et des crotales d’Afrique du Nord. Les compositions de Sofaz sont électrisantes, dansantes, hypnotiques, impossible de résister à cetteexpérience multisensorielle. Avec la foule réunie pour ce groupe de l’Océan Indien, j’ai absolument passé un très bon moment!

Et ça continue aux Nuits d’Afrique de Montréal jusqu’à dimanche. 

crédit photo : André Rival

Antilles / Caraïbes / konpa

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Naissance d’une étoile haïtienne

par Keithy Antoine

Une nouvelle star haïtienne est née! Elle s’appelle Modeline Raymond, Moray pour les intimes. L’autrice, compositrice et interprète se produisait vendredi soir sur la scène Loto-Québec de l’Esplanade Tranquille. C’était sa toute première grande scène sur Montréal, bien accompagnée d’une formation complète, avec batterie, congas, guitares, choristes, claviers, basse. On peut dire avec enthousiasme qu’ils ont assuré !

Une fois de plus, on constatait que le Festival international Nuits d’Afrique est une grande occasion pour pas mal d’artistes émergents de construire leur carrière, et de se présenter devant un beau public d’amateurs et connaisseurs.

Sur scène, Moray était dans son élément le plus authentique et le plus naturel. Elle chante principalement en créole, elle danse bien et sans se fatiguer, elle irradie sur scène. Une joie contagieuse ! La chanteuse s’amuse, elle invite la foule à tourbillonner avec elle, en complicité avec son band. Un bel après-midi midi d’été à écouter des sons et des rythmes ensoleillés et entraînants afro-pop, soul latine, et du konpa collé serré comme elle dit candidement!

Modeline Raymond est une artiste à découvrir! 

crédit photo: André Rival

Afrique / afro-pop / afrobluehop

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Joyce N’sana en pleine ascension

par Keithy Antoine

Parmi les plus attendues au centre-ville, se produisait vendredi l’artiste congo-québécoise, autrice, compositrice et interprète Joyce N’sana, Révélation Radio-Canada il y a 3 ans. Elle nous a offert un set endiablé sur la grande scène de TD Radio-Canada ! J’étais conquise par le rythme et l’engagement gens autour de moi aussi ! Cette petite femme à grande voix a interprété ses meilleurs titres avec son énergie et sagesse proverbiale, portée par son amour pour le public, par ses sons entraînants et son beau mélange de styles – reggae, gospel, hip-hop, jazz, le tout chapeauté par le blues. Pas pour rien qu’elle appelle ça de l’afrobluehop !

Le Festival international Nuits d’Afrique de Montréal, c’est la célébration de la diversité d’ici, de la culture, et de la musique, nous a confé Joyce N’sana, en pleine ascension. Et elle a bien raison!

Vendredi soir, donc, le 38e Festival international Nuits d’Afrique de Montréal battait son plein, favorisé par une belle température estivale. Un équilibre parfait d’inclusion et de diversité à travers sa programmation de 6 jours de spectacles gratuits en plein air, au cœur du Quartier des spectacles, qui met en valeur des noms bien connus et à découvrir. Le 38e Festival international Nuits d’Afrique de Montréal se tient jusqu’au dimanche 21 juillet! Allez-y faire un tour!

crédit photo : André Rival

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Afrique / afro-antillais / afro-électro / afro-latin / afro-soul / afro-tech / afrobeats / afropop / afrosoul / Antilles / Caraïbes

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | À l’écoute de Club Sagacité

par Alain Brunet

Devant une salle à peu près vide, du moins de 22h 15 à minuit 15, les artistes du Club Sagacité, prolongement de Moonshine, nous a quand même permis de s’y consacrer. Une écoute attentive à défaut d’ambiance. Question de contexte ou de timing, ce n’était visiblement pas un contenu attractif pour l’actuel marché des Nuits d’Afrique.

Qu’importe, on n’est pas en peine pour Club Sagacité. Les DJs San Farina et Fanella, les deux premières artistes au programme, ont offert des sélections probantes présent et l’avenir du DJisme afro-descendant. Complètement mondial, avec des pointes particulières.

Club Sagacité, enfin peut-on le comprendre ainsi, est un club école de Moonshine, un concept à succès mis au point par Pierre Kwenders, Hervé Kalongo et autre leaders afro-descendants telle San Farafina.

On a entendu des afrobeats, de la soul/R&B, du jazz groove, du konpa, des extraits de chants créoles, des musiques d’Afrique centrale, du reggaeton et plus encore, le tout fondu dans un creuset électronique pas piqué des vers. La diversité et l’intégration des références est un reflet fascinant des tendances qui marquent actuellement cette génération de vingtenaires et trentenaires qui se trouvent à consommer les contenus émanant de tels collectifs.

C’est plus mondial qu’occidental, moins centré sur la production musicale d’Amérique ou d’Europe – néanmoins très présente dans la vibe. Bref, notre monde musical change et toutes ces vagues afro-électro façonnent le paysage montréalais. Pour le mieux. Merci Club Sagacité.

Afrique

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Ibibio Sound Machine, effectivement une machine !

par Alain Brunet

Ibibio Sound Machine est effectivement une… machine! Machine qui n’aurait pu être mise au point ailleurs qu’au Royaume-Uni. Originaire du Nigeria, la puissante contralto Eno Williams s’exprime avec tout son héritage afro-urbain et déroule également la toile de sa vie londonienne. La dégaine n’est pas celle de la soul ou du R&B mais bien d’un femme nigériane en fusion avec d’excellents musiciens londoniens de différentes souches.

Voilà un pollinisation croisée, on ne peut plus londonienne! Il y a dans tout ça l’afrobeat de Fela Kuti, la juju de King Sunny Adé, l’afro-pop highlife d’Osibisa, mais aussi le post-punk anglais, la new wave américaine, les effluves des Talking Heads, le funk de Chic et de Cameo, sans compter ce jazz groove à l’africaine ayant eu plus d’impact en Europe qu’en Amérique du Nord, on pense entre autres à Manu Dibango et Sixun.

Les instrumentistes d’Ibibio sont excellents et méritent tous d’être mentionnés : Alfred Kari Bannerman (guitare), Anselmo Netto (percussions), Jose Joyette (batterie), Derrick McIntyre (basse), Tony Hayden (trombone, synthé), Scott Baylis (trompette, synthé), et Max Grunhard (saxophone, synthé). La culture électronique de ces musiciens est complémentaire à leurs qualités d’instrumentistes très influencés par les années 80 et 90.

La pédale au fond dès le départ, la soliste et ses sidemen ont été très professionnels en faisant fi de la maigre assistance venue à leur rencontre. À l’évidence, Ibibio Sound Machine n’a pas encore conquis le marché québécois, tout reste à faire. On souhaite que la centaine de festivaliers présents partageront le souvenir de cette très bonne performance.

crédit photo: André Rival



Maghreb / musique kabyle / rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Numidz : Quand la Kabylie rocke !

par Michel Labrecque

Numidz est un groupe de la Kabylie algérienne qui a choisi d’immigrer à Montréal. Ne confondez surtout pas la Kabylie berbère avec la culture arabe. Bien qu’étant privée de pays, la Kabylie a son drapeau, présent sur la scène, et sa propre langue, reconnue très tardivement par l’Algérie.

Numidz compte cinq musiciens et une chanteuse. Le groupe, bien qu’influencé par les musiques traditionnelles kabyles, aime le rock, s’inspirant en particulier d’un vieux groupe underground kabyle, les Abranis. 

C’est vraiment cet aspect qui démarque le groupe de ce ce qu’on peut entendre provenant d’Algérie. Et qui a interpellé la foule très hétéroclite, avec une composante kabyle et algérienne minoritaire, mais très présente avec ses « youyouyou » à répétition.

On comprend que leur décision d’immigrer n’a pas été facile, mais que les membres de Numidz s’épanouissent à Montréal. Ils étaient visiblement ravis de performer à l’extérieur, ainsi que de l’accueil du public. 

Numdiz est un groupe engagé : nous avons pu entendre un chant féministe, un hommage à Nelson Mandela, un hymne à la liberté des peuples, ainsi qu’une chanson d’Idir, le grand chanteur emblématique de la Kabylie qui nous a quittés il y a quelques années. 

Mais c’est quand il rock intensément que Numidz fait vraiment sa différence et affiche son intensité. Je n’ai pu m’empêcher de penser qu’au même moment, à Milwaukee aux Etats-Unis, Donald Trump allait bientôt s’adresser à son parti républicain pour dénoncer la vague d’immigration qui fait hausser la criminalité dans son pays. Une affirmation contredite par les statistiques. 

Car sur la scène extérieure de Nuits d’Afrique, au moment où Numidz s’est lancé dans un rock-funk dansant, cinq femmes asiatiques se sont mises à danser frénétiquement en souriant. Tout près, le papa d’un couple racialement mixte apprenait à sa petite fille métisse à danser. Un couple lesbien se regardait dans les yeux, juste à côté de jeunes filles voilées qui se dandinaient. 

Pauvre Donald Trump. De toute évidence, la foule ici n’est pas de son côté…

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Afrique / bikutsi / makossa / pop-rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Valérie Ékoumè : un party afro-rock multiculturel

par Michel Labrecque

Ce 18 juillet, un grand ventilateur naturel a mis fin à la canicule montréalaise en quelques heures. Mais il faisait très chaud au concert de la franco-camerounaise Valérie Ékoumè, parce la dame sait comment faire monter la température lors de sa prestation. Et pas à peu près !

La chanteuse l’a dit en entrevue à mon collègue Frédéric Cardin : elle aime bien l’accueil que Montréal et d’autres endroits au Canada lui font. Et elle nous le rend bien. Après quinze minutes, elle avait la foule dans sa poche et pouvait nous faire danser et chanter à sa guise. L’ancienne collaboratrice de Manu Dibango et de Youssou Ndour vole maintenant de ses propres ailes et les déploie vers les plus hauts sommets. 

La chanteuse, parfois claviériste et batteuse, est entourée de deux musiciens en costumes rouge avec des masques de têtes d’éléphants, un guitariste et un batteur décomplexés, utilisant autant les techniques pop-rock que les rythmes Makossa, Bikutsi et Esséwé. Nous sommes immergés dans l’Afro-pop trépidante, comme en témoigne son dernier disque de 2022 Monè.

Mais c’est Valérie Ékoumè, avec sa voix puissante mais capable de nuances et sa présence scénique, qui règne sur la foule, comme une reine. Mais une souveraine bienveillante et engagée, notamment contre les inégalités en Afrique. 

Elle a chanté une magnifique balade, qu’elle nous a ensuite traduite en français. Ça raconte l’histoire d’une famille de migrants africains qui a perdu une enfant lors de leur périple d’immigration illégale. Une Italienne, qui a accueilli la petite fille, est parvenue à retrouver la famille pour leur redonner l’enfant. « C’est une belle histoire, non ? », nous a dit Valérie. 

Sur scène, les arrangements musicaux sont moins subtils que sur disque. Mais ce manque est compensé par l’énergie incroyable du trio. Je suis allé devant la foule pour constater que le party était solidement pris. Encore une fois, une foule multiraciale et multigénérationnelle qui dansait à fond.

Certains politiciens nationalistes québécois auraient intérêt à venir faire un tour aux Nuits d’Afrique. Il y avait là une foule, très majoritairement francophone, qui parlait peut-être une autre langue à la maison.

Lors d’une pause, une Québécoise d’origine haïtienne m’a confié que, suite à certaines déclarations récentes de politiciens québécois, un espace raciste s’est libéré. Que, parfois, elle entend des gens cracher quand elle se déplace; elle ne pense pas que c’est un hasard.

Les Nuits d’Afrique sont un antidote à tout cela. Valérie Ékoumè aussi. 

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Afrique / musique traditionnelle d'Afrique australe

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | BCUC, le pow wow sud-africain

par Alain Brunet

Parmi les pépites de la programmation 2024 des Nuits d’Afrique, on avait identifié Bantu Continua Uhuru Consciousness (BCUC), de Soweto, Afrique du Sud. Essentiellement fondé sur la percussion, la voix et l’expression des 11 langues et cultures officielles de l’Afrique du Sud, BCUC est une sorte de pow wow à l’africaine, engagé et fédérateur.

La formation est composée de Nkosi « Jovi » Zithulele, Kgomotso Mokone, Thabo « Cheex » Mangle, Mritho Luja, Lehlohonolo « Hloni » Maphunye et Skhumbuzo Mahlangu, Mosebetsi Ntsimande. Les rythmes des tambour et percussions de mains, ainsi que les motifs de la basse électrique soutiennent ces chants et sons vocaux exécutés en continu – une femme et deux hommes, parfois en solo, en duo ou en trio. Feu roulant de mélodies, harmonies, déclamations, onomatopées, percussions vocales, cris de la nature et plus encore.

Se déploient ainsi sur scène plusieurs éléments distincts des voix et rythmes sud-africains. Transcendé par ce collectif extrêmement dynamique, capable de transcender son héritage culturel, cet étal d’Afrique australe est plus qu’intéressant, et différent de ce à quoi on est habitué d’entendre de ce bout de planète.

salsa

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | La salsa de feu d’Andy Rrrrrrubal

par Frédéric Cardin

Andy Rubal fait carrière depuis à peine 10 ans, mais a déjà titillé les oreilles des amoureux de la salsa. Ce gradué de l’Instituto Superior de Arte de La Havane en 2013 a récolté une nomination pour son premier album aux Cuba Disco Awards en 2017, dans la catégorie Meilleur album de salsa. Il s’est installé peu après à Montréal et a immédiatement intégré l’écosystème musical québécois en réalisant un duo avec Florence K. La salsa de Rubal entendue hier au Club Balattou est classique, voire prévisible, mais bon sang qu’elle allume la scène et le public. Rubal (Rrrrrrrrubal!) maîtrise l’énergie et la direction de son scénario artistico-musical avec une remarquable assurance. On comprend aussi pourquoi il a si rapidement trouvé des amis dans la communauté artistique de la métropole : il déborde de charisme, mais aussi de sincérité. Il s’est récemment produit dans la revue Les nuits de La Havane au Casino de Montréal. Peu de doute que le Québec au complet le reconnaîtra dans la rue d’ici peu. Excellence des musiciens de son ensemble, même en format réduit par rapport à son offre habituelle. Aye aye aye!

Afrique / afro-rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Jimmy Belah : bel afro-folk qui manque parfois de panache

par Frédéric Cardin

Jimmy Belah est le leader du BIM (Bénin International Musical), spectaculaire assemblage de traditions béninoises, de pop, rock, hip hop, qu’on pourra entendre le 19 juillet sur la scène du Parterre du Quartier des spectacles. Ne manquez pas ça. Mais ce n’est pas pour ça que je vous parle de Jimmy ici. L’excellent multi instrumentiste (guitare, batterie, harmonica) et très bon chanteur poursuit également une carrière en formation épurée, le Jimmy Belah Trio. C’est cet avatar qu’on a entendu hier soir au Balattou. Avec sa proposition toute simple en réduction de trois guitares (Belah switche parfois à la batterie, ou s’ajoute un harmonica), l’artiste offre une séductrice afro-folk, en général douce et aérienne. Disons dans un rapport des deux tiers de la perfo divisée en deux sets. Pour peut-être un quart, il allume un peu la mèche avec un afro-rock teinté de blues et de funk, puis pour quelques numéros égrenés ici et là, il met le feu grâce à un rock pesant et bien lancé. Une pièce, pour ma part, s’est détachée de l’ensemble : une généreuse expression de musique traditionnelle, voix et percus that’s it, qui a transporté le public dans une fête de village authentique. On y était, subjugués. J’en aurais pris plus. Rien à dire sur la qualité musicale : Belah possède une très belle voix, juste, posée, agréable. Il joue bien de la guitare acoustique, encore mieux de la batterie. Yaovi Atcho à la guitare électrique et Babatoundé Boni Obinti à la basse : convaincants. Je noterai, cela dit, un bémol de présence scénique. La présentation manquait souvent de conviction, comme si on n’avait pas vraiment envie d’être là. Dans sa relation avec le public, Jimmy était fade, comme en retrait. Plusieurs transitions semblaient approximatives et manquaient de coordination. Au début, je pensais assister au sound check. Dommage, car il s’agit de belle et bonne musique. J’ose présumer que le BIM aura une tout autre attitude vendredi. 

latino / salsa

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Athenea, la femme aux multiples racines

par Sandra Gasana

« Je suis née à Cuba, mais en fait je suis un quart Éthiopienne, un quart Haïtienne, un quart Chilienne et un quart Espagnole », nous apprend-elle en plein milieu de son spectacle. En effet, la Lady in Red de la tête au pied (je n’exagère pas, même ses cheveux étaient rouges) nous a charmés lors de son passage au Festival Nuits d’Afrique, en extérieur.

Débarquant avec une panoplie de musiciens sur scène, incluant son mari Ricardo aux claviers, directeur musical du groupe et un excellent pianiste, elle nous en a mis plein la vue dès son entrée sur scène. Elle est accompagnée d’un percussionniste, d’un batteur, d’un saxophoniste et deux trompettistes et un guitariste. Elle décide d’ailleurs d’ouvrir avec une reprise de Gloria Estefan, Mi Tierra mais heureusement, elle enchaine avec une de ses compositions. Et c’est là qu’on découvre ses talents de percussionniste et de danseuse, en plus de jouer des maracasses.

« La prochaine est une composition à moi, Amarga Gloria, et ça parle de la contradiction qui existe avec l’immigration. On pense que tous nos problèmes seront résolus mais on va rencontrer d’autres problèmes ici. 

Elle alterne entre salsa, cumbia, et change parfois de rythme dans la même chanson, ce qui rajoute de la richesse et du relief au morceau. Elle a une belle présence sur scène, s’approprie de l’espace et se dévoile complètement, en interagissant avec son audience. On ne peut pas nier son talent en termes de mise en scène avec des finales parfois dramatiques ! Mais bon, fallait jouer le jeu !

Elle nous a surpris avec sa reprise de Papaoutai qu’elle a très bien interprétée et qui a permis de découvrir qu’elle chante en français. Mon coup de cœur sera son interprétation en espagnol de la chanson des Jacksons, Blame It On The Boogie, que j’ai bien appréciée. Elle lui a redonné une autre vie, avec la sauce latine qu’elle a bien su doser.Elle a terminé avec quelques classiques du répertoire salsa avant de nous faire faire des pas de danse, et permettre à chacun de ses musiciens de faire leur solo.

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