C’est le retour cette semaine du chef invité bien-aimé Vasily Petrenko à l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM). Celui qui a jadis été l’un des favoris pour remplacer Kent Nagano a brillé comme à son habitude, mercredi soir à la Maison symphonique.
Le concert débute par la pièce Blue Cathedral de l’américaine Jennifer Higdon. Cette œuvre flottante et magnifique est un hommage à son frère décédé. Plusieurs solos de flûte et clarinette qui représentent elle et son frère. Symbolisant aussi un voyage céleste, l’œuvre s’anime pour signifier l’émerveillement et la joie, avant de se terminer sur des résonances de percussions et des harmoniques à peine audibles. À ce propos, nous voyions les autres musiciens agiter des petites boules de la taille d’un haki, ce qui en a chicoté plusieurs car nous étions beaucoup à regarder le programme par après, pour n’y trouver, hélas, aucune information à ce sujet.
Ensuite démarre avec panache le fameux concerto Empereur de Beethoven avec Simon Trpčeski au piano. Après une admirable introduction orchestrale, le soliste entre en scène, à la dernière seconde, comme s’il sortait de la Lune. Après quelques difficultés à maintenir un tempo stable, créant quelques petits décalages avec l’orchestre, Trpčeski cesse d’accélérer dans ses extraits seuls pour enfin créer un tout avec l’orchestre.
Il est très agile avec ses doigts, mais manque de poids, de son, pour un concerto de cette ampleur. Ce jeu lui sied très bien dans le mouvement lent, où il se fond à merveille dans l’orchestre. Ou c’est l’orchestre qui l’enrobe avec brio. Peu importe, quand on se pose la question, cela signifie que c’est très réussi. Pour le reste, on passera outre ses gesticulations de tête, jambe et de bras (il y a déjà un chef pour s’occuper de l’orchestre) pour se concentrer sur son jeu dynamique et excité. En guise de rappels, nous avons droit à un court extrait d’une danse de son pays d’origine, la Macédoine, puis du mouvement Octobre des Saisons de Tchaïkovski, « pour un monde meilleur », ce qui a donné une interprétation sensible et touchante.
Puis vient la très pastorale Cinquième symphonie de Jean Sibelius. Tout comme dans ce qui a précédé, la direction de Petrenko est très nette. Ses intentions sont claires et rien n’est laissé au hasard; nuances, accents, entrées, phrasés, etc. Rien n’est forcé et est joué dans la finesse. J’ai déjà entendu un chef dire à des étudiants lors d’une classe de maître « qu’il faut aimer jouer doux », et c’est ce qui m’est venu en tête mercredi soir. Le choral des bois du mouvement second est sublime, accompagné de pizzicatos précis. Le dernier mouvement est frénétique mais pas trop, et se termine par une répétition du thème principal aux cuivres, qui résonnent comme des cloches. Tout au long de la symphonie, on pourrait se fermer les yeux et facilement s’imaginer aux côtés de Sibelius contemplant des paysages bucoliques et majestueux.