Après avoir offert un début de saison aux thèmes et énergie contrasté, mais fortement ancré dans le romantisme, c’est un programme de féérie de Noël qui a attiré famille, amis et parents à la Salle André-Mathieu pour entendre l’Orchestre symphonique de Laval dans son troisième et dernier grand concert avant la pause hivernale : L’OSL en fête. Bravant le froid et la circulation dense aux abords de la Place Bell, le public a eu droit à un concert chaleureux et un programme réconfortant dirigé pour l’occasion Julien Proulx dont le dynamisme l’énergie et les mouvements, des indications de phrasé lyriques aux petits déhanchements et pas de danse, étaient signifiant à chaque instant.
Commençant dans la plus pure tradition des préludes/ouvertures, la page musicale qui introduit l’opéra Hansel et Gretel d’Engelbert Humperdinck – œuvre régulièrement interprété en Allemagne durant le temps de Noël -, est un enchaînement des thèmes principaux qui jalonnent l’opéra et qui, comme l’a justement fait remarquer Julien Proulx dans son allocution « dessine l’arc dramatique de l’opéra ». Les Paraphrases sur des airs de Noël du compositeur québécois François Morel ont présenté un premier pot-pourri dans un écrin vif et coloré. Après les mises en bouches orchestrales, la suite de la première partie mettait à l’honneur les voix des Petits Chanteurs de Laval, représenté ici par une cohorte mixte de leurs membres les plus vieux, dans des pièces vocales emblématique du répertoire choral de la saison des fêtes (Es ist ein Ros entsprungen, Noël huron, Noël nouvelet, Gesù Bambino, Ça, bergers, assemblons-nous). Vocalement, la préparation est impeccable : la sonorité des voix est claire, uniforme et les quelques voix des jeunes hommes ténors et barytons ont offert une belle rondeur. L’arrangement par Michael Oczko du Noël huron (Jesou ahatounia) était particulièrement réussi de même que le noël italien Gesù Bambino où les lignes musicales et les dynamiques étaient pleines de reliefs. Concluant la première partie, les musiciens ont offert le fameux Christmas Festival de Leroy Anderson, autre pot-pourri emblématique de Noël s’il en est, dans sa version pour chœur.
Le défi qui nous apparaît pour n’importe quel chœur avec orchestre qui se produit dans la Salle André-Mathieu, salle qui n’est pas nécessairement des plus adaptés et acoustiquement sympathique pour ce type de formation, est la balance du son. Les voix des petits chanteurs étaient nécessairement amplifiées, mais peinent parfois à se distinguer de la masse sonore de l’orchestre, surtout dans les fortissimos, malgré les indications de phrasés et d’intensité mené très justement par Julien Proulx. La position de notre siège, assez près des premiers violons, est peut-être également un facteur qui joue sur notre perception sonore, mais il nous était par moment difficile d’entendre et de comprendre le texte des chants. Sans être un irritant majeur au rendu et à l’appréciation du concert, nous pouvons tout de même formuler le souhait au Père Noël que Laval et son orchestre se dote d’une salle mieux adaptée à tous styles de répertoire.
Au retour de l’entracte, l’orchestre nous a emmené valser avec élégance avec Les patineurs d’Émile Waldteufel, une page légère remplie de frétillements et de contraste entre des lignes exubérantes et douces. Pièce de résistance du concert et indémodable classique du temps des fêtes, la suite no 1 du ballet Casse-noisette a été présenté de façon ludique par le chef d’orchestre qui, en rupture avec la convention voulant que l’on n’applaudisse pas entre chaque mouvement, a invité le public à ne pas en tenir compte. « Vous les connaissez par cœur, si vous les aimez, n’hésitez pas à applaudir. On se fait plaisir! » à indiquer Julien Proulx. Cette intention cadrait parfaitement avec le caractère familial et accessible de ce concert. Les divers personnages de l’univers du conte d’E.T. A Hoffman, de la fée Dragée aux Mirlitons, ont ainsi défilé devant nos yeux et dans nos oreilles avec une grande musicalité. En guise de rappel, l’orchestre à présenter l’autre tube de Noël de Leroy Anderson, Promenade en traîneau, qui par son orchestration imagée et son utilisation ludique et humoristique des percussions fait mouche à tout coup!
Présenter un concert de Noël, quelle que soit sa forme et son effectif, est toujours un exercice qui peut s’avérer périlleux : tout le monde en fait, généralement tous en même temps avec plus ou moins les mêmes œuvres au programme. Le danger de tomber dans le kitsch, le surfait et le suranné plane toujours. Était-ce un programme novateur et d’une grande originalité? Non. Mais les fêtes n’ont pas besoin d’être exubérantes à l’excès et sans cesse renouvelées pour être appréciables. L’important, c’est de bien faire les choses, sans prétention, de s’amuser, de vivre le caractère intemporel et magique de ces musiques et c’est exactement ce que la famille des musiciens de l’OSL a offert à son public.
Crédit photos : Annie Diotte