classique / classique moderne / post-romantique / tango nuevo

Influences d’Obiora

par Alexandre Villemaire

Sous la thématique Influences, un concert a réuni dans son programme des œuvres orchestrales qui sont nées des différentes influences de leur compositeur, que ce soit en puisant dans leur origine ou en se nourrissant de l’amitié des gens qui les entourait.

Ce samedi, donc,  l’Ensemble Obiora, premier ensemble canadien à réunir musiciennes et musiciens issus de la diversité, présentait dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noirs, le troisième concert de sa saison 2023-2024 à la Salle Pierre-Mercure. 

Avec comme soliste invité le violoncelliste Juan Sebastian Delgado, le concert marquait également les débuts du chef afro-canadien Daniel Bartholomew-Poyser dans sa ville natale après avoir passé plusieurs années à l’extérieur du Québec, notamment en Nouvelle-Écosse, en Ontario et aux États-Unis. 

Il s’agissait également de la première mondiale de l’arrangement du compositeur argentin Marcelo Nisinman du Grand Tango de son compatriote Astor Piazzolla commandé par Delgado et l’Ensemble Obiora. 

En ouverture, l’œuvre Polyphonic Lively, du compositeur canadien d’origine sri-lankaise Dinuk Wijeratne a plongé l’auditoire dans un univers sonore contrasté et d’une grande vivacité. Tirant son nom d’une toile de Paul Klee, Wijeratne puise dans les racines musicales du Sri Lanka et leur donnent une patine orchestrale axée sur des effets de couleurs et de timbres où plusieurs lignes mélodiques coexistent et se répondent.

Atmosphérique et variée par ses modes de jeu étendu et son instrumentation imagé, notamment du côté des percussions, sa facture nous évoque la fraîcheur du début de la modernité du XXe siècle. 

S’en est suivie la portion tangoesque du concert. Présenté dans un format d’orchestre de chambre, Graciela y Buenos Aires de José Bragato a mis de l’avant la musicalité et la virtuosité de Juan Sebastian Delgado, récemment honoré du prix Opus d’Interprète de l’année et du prix du Rayonnement à l’étranger avec Krystina Marcoux du duo Stick & Bow. Pièce qualifiée de « trompeuse » par maestro Bartholomew-Poyser à cause de ses nombreux changements de tempo, Delgado et l’orchestre ont navigué avec aisance, écoute et ressenti dans cette danse langoureuse dirigée de manière dynamique et élégante.

Œuvre emblématique du répertoire, Le Grand Tango de Piazzolla prolonge cette atmosphère langoureuse soutenue par une harmonie de cordes tantôt voluptueuses, tantôt déchaînées. Dans les deux cas, la relation entre Delgado et son instrument a été des plus fusionnelle, le musicien allant chercher des sonorités poignantes et déchirantes avec douceur et énergie.

Au retour de l’entracte, la soirée s’est conclue avec les célèbres Variations Enigma d’Edward Elgar. Résultat d’un moment d’improvisation autour du piano avec sa femme alors que ce dernier venait de vivre une journée particulièrement éreintante, chaque variation autour du thème est une évocation musicale de ces plus proches amis. La plus célèbre des variations, Nimrod,  est dédiée à son meilleur ami Augustus Jaeger qui, alors qu’Elgar était aux prises avec une dépression et une profonde remise en question, lui a redonné confiance face à l’écriture. Profondément élégiaque et personnelle, l’œuvre avec ces treize autres variations, oscillant entre caractère léger, humoristique et énergique, a été livrée de manière magistrale par la main de Daniel Bartholomew-Poyser. Énergique, sensible, le chef a tiré parti de chaque section de l’orchestre dans une direction cohérente et inspirée à chaque instant.

Au-delà des influences musicales manifestes qui ont caractérisé et porté ce programme, c’est également l’influence même d’Obiora au sein de la communauté qui amène un nouveau public plus jeune, diversifié, composé de familles, comme en témoigne une Salle Pierre-Mercure bien garnie. Par la qualité de son orchestre, l’originalité de sa programmation et sa mission engagée, l’ensemble continue d’épater, de surprendre et, à la manière de son concert, d’influer sur le milieu musical montréalais. 

Crédit photo: Melissa Taylor

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