Internationalement réputé, l’ensemble mexicain de percussions Tambuco passait un week-end agriculturel au Québec, à la rencontre du Parcival Project, ensemble à cordes mené par le violiniste montréalais Emmanuel Vukovich. Ce dernier vibre très fort sur le projet holisistique de lier agricutlure et musique de pointe. La ferme Cadet Roussel lui permet de réaliser ce rêve, une série de concerts l’incarnent cet été au Mont Saint-Grégoire, des échanges interculturels latino-américains en sont le point culminant ce premier week-end d’août.
Le projet Parcival a pour objet d’actualiser ce mythe arthurien écrit au 13e siècle par le poète et authentique chevalier allemand Wolfram von Eschenbach. Parcival. Il s’agit ici de la quête du Saint Graal, quête adaptée à la recherche musicale de Vukovich au 21e siècle. Cette quête humanitaire et spirituelle consiste non seulement à lier la pratique musicale à l’environnement terrestre et ses pratiques agricoles, mais aussi aux rencontres interculturelles desquelles jaillissent l’inspiration métisse dans un contexte où les repères sont difficiles à identifier et la réprobation de l’étranger l’emporte sur la collaboration et la fusion.
Vous vous doutez bien qu’Emmanuel Vukovich, ses musiciens et ses invités ont choisi la deuxième avenue pour le deuxième programme du week-end – samedi. Dans le mythe, deux chevaliers d’égale valeur croisent le fer, puis cessent les hostilités pour ainsi reconnaître leurs qualités respectives et envisager chevaucher ensemble dans la quête du Graal.
Ainsi, cordes, percussions et ondes électroniques ont incarné cette rencontre mythique. Ç’aurait pu être gnangnan, trame narrative néoclassique avec fin heureuse. Si la fin fut heureuse et porteuse d’espoir, cette rencontre interculturelle et interstylistique ne s’est pas déclinée dans la facitlité.
Une longue introduction de sons aélatoires, coups d’archets, percussions , cloches, fréquences de synthèse ont d’abord illustré le chaos du désemparement pour choisir progressivement des formes préliminaires d’organisation commune. Le rythme devient constant et soutenu, les cordes s’attachent et puis les choses se calment. Nous voilà dans une phase ambient, le violon de Vukovich trace une ligne mélodique qui tient de la complainte à l’époque barique, les autres cordes se mettent de la partie, les mélodies sont ensuites pincées avant que tous les archets ne concourent à un tout plus musclé pour ensuite retrouver le calme de la mélodie originelle et qu’on y tricote autour.
Des cloches déclenchent alors un autre « mouvement » de cette trame imaginée en ateliers précédant ce concert où des musiciens classiques s’ouvrent à l’improvisation et aux rythmes afro-latins. La dynamique change, les sons se musclent, s’entrechoquent, une sorte de marche s’installe et tous les interprètes sont mis à contribution quoique les percussions dominent d’abord la séquence avant d’être joints par les cordes qui construisent des motifs mélodico-harmoniques plus complexes et plus robustes. Les choses se calment de nouveau, le violon dessine de nouvelles lignes mélodiques, cette fois traversées par des sons électroniques, des percussions et des techniques étendues des instruments à cordes. Un crescendo se déploie, encore plus puissant, et les cordes s’échangent les réparties parfois même folkloriques.
Imaginée par Emmanel Vukovich, cette trame se veut la semence d’une démarche continue de collaborations créatives, et ce dans le décor bucolique du Mont-Saint-Grégoire. Cette trame prometteuse pourra être retravaillée, resserrée et prête à être enregistrée. On pourra alors parler d’une oeuvre.
Processus en continu à la ferme Cadet-Roussel et ses adeptes musiciens férus de culture et d’agriculture. Les Concerts Saint-Grégoire se poursuivent ce dimanche et plus tard cet été, expérience hautement recommandable.