Christian Scott aTunde Adjuah est un invité récurrent du volet jazz au FIJM. Mardi soir au Monument National, il se produisait devant une salle bien garnie pour y résumer ses deux dernières années de travail trans-pandémiques. Que nous réservait-il cette fois?
Le musicien de 39 ans se produisait en quintette : Lawrence Fields, (Fender Rhodes et Korg Kronos), Ele Howell (batterie), Elena Pinderhughes (flûte traversière), Luques Curtis (contrebasse), lui même aux trompettes modifiées (à la manière des cornets de feu Dizzy Gillespie), sans compter un instrument à cordes pincées de sa conception, inspiré d’instruments traditionnels d’Afrique de l’Ouest tel le n‘goni ou la kora.
Les premier moments de ce concert d’environ une heure et demie ont été consacrés à cet instrument fraîchement sorti de l’atelier, qu’il utilise à la manière des griots tout en chantant (pas toujours juste). La quête de Christian Scott aTunde Adjuah est multiple : jazz contemporain, jazz antillais ou créole, réappropriation des racines ancestrales africaines, sans compter la promotion de son identité afro-autochtone que l’on peut observer dans sa Louisiane natale depuis plusieurs générations.
On a déjà loué l’immense talent d’Elena Pinderhughes, 27 ans, certes la plus brillante flûtiste de jazz (connue) de sa génération., on a une fois de plus observé la qualité du groove, du son et du phrasé. On a aussi remarqué une deuxième fois cette semaine le niveau exceptionnel d’Ele Howell, qui a brillé aux côtés de Ravi Coltrane à la Maison symphonique. Il va sans dire, Christian Scott aTunde Adjuah est un crack de la trompette, sa recherche texturale le mène également à l’usage circonspect de pédale d’effets.
Ce concert était aussi marqué par les premières explorations jazz-rock ou jazz-funk de Miles Davis à la fin des années 60. De manière générale, les compositions étaient des tremplins destinés aux expressions individuelles et au groove. On aura aussi apprécié les thèmes pour flûte et trompette exécutés à l’unisson.
On connaissait déjà toutes ces facettes du leader, interprète de haute intensité qui pêche parfois par d’interminables présentations, beaucoup trop longues pour un set de festival qui ne peut dépasser 90 minutes. Le prolixe musicien est néanmoins prolifique et créatif, entouré d’interprètes et improvisateurs top niveau.Très clairement Christian Scott aTunde Adjuah pouvait compter sur un ensemble bien soudé et capable de haute voltige, sans nous en apprendre beaucoup sur ses avancées formelles.