Arion Orchestre Baroque et Elisabeth Pion : toucher le clavier comme Montgeroult

par Alexandre Villemaire

Arion Orchestre Baroque présente cette fin de semaine son concert d’ouverture avec la pianiste maskoutaine Élisabeth Pion comme soliste invitée dans un concert ayant pour principal attrait, la (re)création d’œuvres de la compositrice française Hélène de Montgeroult (1764-1836).

Grande visionnaire, rare aristocrate à avoir été épargnée par la Révolution et seule femme à être reçue au concours comme professeure des premières classes de piano du Conservatoire de musique de Paris, le langage musical de Montgeroult est empreint de la palette du classicisme mozartien, mais avec quelques expérimentations qui appellent au début du romantisme. 

Après une introduction par l’orchestre de la Symphonie no 26 de Mozart, nous permettant d’apprécier la direction énergique de Mathieu Lussier, la soliste a présenté le Concerto pour piano no 1 en mi bémol majeur de Montgeroult que la compositrice a construit comme une adaptation de concertos pour violon de Viotti.

L’instrument ici est digne de mention, car il donne tout le relief à l’esprit « historiquement informé » du concert. Jouant sur un forte-piano Broadwood 1826, un prêt du mécène Jacques Marchand, l’instrument offre une sonorité plus boisée et moins résonnante que les pianos modernes, mais qui permet une plus grande agilité qu’un clavecin.

L’agilité aérienne du doigté d’Élisabeth Pion est illustrée dans le premier mouvement, énergique, alors qu’on retrouve dans le deuxième, une ligne mélodique d’un très grand lyrisme évoquant Chopin, sans pour autant être dans les grandes envolées mélancoliques des Préludes ou des Nocturnes par exemple. Le troisième mouvement Rondo : Allegretto est résolument beethovénien dans son caractère avec ses cordes sautillantes et la place qu’il laisse au piano comme dans L’Empereur.

En deuxième partie du concert, Mathieu Lussier nous propose une reconstruction d’œuvres de Montgeroult. Ayant très peu composé pour orchestre, Lussier a décidé d’arranger sous forme d’ouverture, L’impératrice, plusieurs pièces de Montgeroult.

Le schéma typique vif-lent-vif et le choix d’orchestration nous permettent d’apprécier le langage de Montgeroult dans un territoire mozartien et beethovénien.

Le Concerto pour piano no 24 en do mineur de Mozart a été le théâtre d’un dialogue complice entre la soliste et le chef, mais où les vents nous ont semblé être un peu trop généreux dans l’amplitude sonore, faisant en sorte que le jeu d’Élisabeth Pion peinait à ressortir à certains moments.

Le concert Mozart et Montgeroult est présenté aujourd’hui, samedi ainsi que dimanche à la Salle Bourgie. Un concert qui vaut la peine de braver la pluie, ne serait-ce que pour découvrir la musique lumineuse d’Hélène de Montgeroult.

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