Notre dossier en continu se poursuit avec le directeur artistique et chef de la direction de MUTEK, renommé festival se consacrant à la créativité numérique du mardi 8 au dimanche 13 septembre.
PAN M 360 : Lorsque la pandémie s’est révélée en mars dernier, comment avez-vous réagi ?
ALAIN MONGEAU : « Nous nous apprêtions alors à présenter notre volet international comme nous le faisons chaque année à cette période. Nous avons alors tout mis en suspens et nous avons commencé à réfléchir à ce qui allait se passer, à comment nous positionner, à comprendre quel événement nous pourrions présenter avec les implications économiques dans le contexte. »
PAN M 360 : Vous avez alors décidé de tenir un événement, quoi qu’il advienne. Quelle en serait la charpente?
AM : « Au lieu de sauter une année, une option d’ailleurs envisagée, nous avons décidé de changer nos dates de présentation, afin d’échapper à l’interdit qui frappait alors les festivals d’été et d’ainsi configurer un événement qui pourrait se réaliser quoi qu’il advienne, avec ou sans public. Nous avons eu l’idée d’un événement hybride, à la fois virtuel et devant public restreint, qui serait présenté sur des scènes réelles. Ce cette manière nous pensons générer un rayonnement plus vaste en imaginant la transposition de ces performances réelles dans un espace virtuel. »
PAN M 360 : Vous fait un premier repérage de 300 soumissions locales, en résulte 30 programmes. Entre autres invités on note Martin Messier, Line Katcho , Guillaume Cliche, Alexis Langevin-Tétrault, Tati au Miel, Pelada, Vigliensoni, Patrick Watson avec synthés modulaires, Guillaume Coutu-Dumont, Ouri, Wasafiri, Priori, Samito/Boogieman… Comment tout ça se décline?
AM : « Nous voulions conserver l’essence du festival et donc couvrir un registre assez vaste de styles en les regroupant en trois séries : PLAY, EXPÉRIENCE, NOCTURNE. Présentée à la 5e salle de la Place des Arts, la série PLAY est la plus expérimentale, on y favorise l’exploration en création audiovisuelle et arts numérique. En temps normal, la série EXPÉRIENCE est présentée dans sur notre scène extérieure, on la présente à la 5e Salle de la PdA et à la Satosphère. Notre série NOCTURNE est plus clubby, plus rythmée, se décline sur les trois soirées du week-end à la SAT. »
PAN M 360 : On devine que la programmation locale s’imposait vu les contraintes à voyager pour les artistes de l’étranger. Comment se présentent alors vos 27 programmes internationaux?
AM : « Notre série CONNECT n’est pas sans rappeler INTERCONNECT il y a deux ans. Cette fois, les 27 programmes exclusifs viennent de nos partenaires étrangers – les festivals MUTEK de Barcelone, Mexico, Buenos Aires, San Francisco et Tokyo, sans compter trois organismes partenaires de France, d’Italie et de Corée du Sud. »
PAN M 360 : La capacité d’accueil du public étant extrêmement limitée, comment avez-vous imaginé la présentation virtuelle de MUTEK Montréal, à?
AM : « Nous avons développé une plateforme spécifiquement pour le festival.Les gens doivent s’y inscrire gratuitement et sont aussi invités à soutenir la mission de MUTEK. La plateforme comprend trois scènes virtuelles, une galerie comprenant une vingtaine d’oeuvres interactives, une salle auditorium où l’on présente certains contenus du Forum MUTEK (notre volet diurne), et une salle d’archives qui offre une sélection d’archives enregistrées au fil de 20 ans. Plus préciément, tout ce qui est diffusé de la Satosphère l’est en temps réel, tout ce qui est présenté à la 5e Salle de la PdA est diffusé en différé, soit le lendemain de chaque performance. »
PAN M 360 : Les présentations de concerts virtuels pullulent depuis le début de la crise sanitaire. Comment éviter la redondance?
AM : « Notre plateforme a pour objet de créer une communauté de partage d’expériences. Par exemple, chaque scène aura une « salle de discussion » gérée par un modérateur. L’usager pourra aussi choisir lui-même les angles d’observation de la performance à laquelle il assiste. Nous souhaitons donc que ce MUTEK soit plus qu’une expérience de streaming, nous voulons pousser plus loin l’idée qu’on se fait d’un festival en ligne. »