Notre hip-hop afro-descendant: rap, conscience… sous-représentation

par Gabriella Kinté

En ce Mois de l’histoire des Noirs, PAN M 360 met fièrement en relief la pensée de sa nouvelle collaboratrice Gabriella Kinté, libraire engagée, autrice montréalaise et grande fan de hip-hop. Jouxtant l’espace Ausgang Plaza sur la Plaza Saint-Hubert, la librairie Racines qu’elle a fondée propose une vaste éventail d’ouvrages concernant les histoires, la culture ou les conditions de vie des personnes racisé.e.s au Québec. Le travail de Gabriella se prolonge désormais sur les pages de PAN M 360 !

En ce mois dédié à la célébration de l’histoire des Noirs, j’ai envie de vous partager mes impressions concernant le hip-hop, une culture que j’adore et que ma communauté afro-descendante a activement contribué à créer. Mes éléments préférés de cette culture sont le rap et la conscience. 

Alors voici:

Il est impossible de se promener dans les rues de Montréal sans y voir l’influence de ce mouvement mondial. Au Québec, je suis très bien servie par l’offre de talents locaux mais je suis agacée qu’ils soient trop souvent mal représentés dans les médias grand public. Il me semble en fait que ces médias institutionnels aient tendance à mettre en évidence le même type d’artistes … hommes, cis, blancs.

En tout cas, rares sont ceux qui me ressemblent et dont les enregistrements sont joués à la radio commerciale ou encore sont invités sur les grands plateaux de télé. Je trouve que les médias traditionnels favorisent la visibilité de rappeurs blancs, ce qui peut être attribué à divers facteurs, dont les opinions préconçues des décideurs.

Certains journalistes, probablement de manière inconsciente, intègrent les perceptions négatives ancrées dans la société, les orientant vers une préférence envers les artistes aux origines non minoritaires. Cela contribue à créer un déséquilibre dans la représentation de la diversité au sein de la scène hip-hop québécoise, tout comme dans d’autres secteurs de la culture.

Ce que je n’aime surtout pas entendre, c’est que la non présence de la diversité dans les médias est liée au manque de bons artistes émergents issus de cette diversité. Je ne crois donc pas qu’il y ait un lien directement proportionnel entre le talent et la présence médiatique. En 2024, on ne doit plus fermer les yeux! Nous savons toustes que persistent dans le paysage médiatique des comportements discriminatoires, même si complexes à percevoir. 

Régulièrement, je dois consulter des médias indépendants tels que Onz Montréal, Hit’Story, Da Main Source et Rapolitik, afin de demeurer informée des dernières tendances. Je n’ai pas le choix, car ce que me proposent les “leaders médiatiques’’ est souvent ennuyeux, déconnecté ou encore met de l’avant des talents américains, alors que nous pouvons compter sur d’excellents artistes locaux. C’est pourquoi les médias indépendants me passionnent car ils sont plus proches des artistes de toutes sortes. 

C’est grâce à eux que j’ai eu le plaisir de découvrir des artistes tels que Chung, Planet Giza, SLM, Ya Cetidon, etc. Si je m’en tenais qu’à ce qui est offert sur les canaux traditionnels il en aurait fallu du temps pour que leurs œuvres atteignent mes oreilles. Ça aurait été décevant pour moi de les découvrir qu’une fois leur succès international établi. C’est très regrettable étant donné leur talent. Avec la multitudes de plateformes existantes je crois qu’ils méritent d’être plus vus/entendus.

Mais comment, au fait, peut-on contribuer à l’amélioration des choses, que l’on soit fan ou acteur médiatique ? D’abord se mettre dans de meilleures dispositions :

Pour les fans: aller vers ce qui ne leur ressemble pas, élargir leur champ de vision et remettre en question nos propres préjugés inconscients.

Pour les chroniqueurs : dépasser la simple rédaction de leurs préférences, explorer des perspectives différentes et s’interroger sur leurs biais inconscients. 

Fans ou chroniqueurs, je crois que nous avons toustes un certain pouvoir d’influence.  En attendant les changements dans des sphères médiatiques rigides, agissons ensemble en explorant et en partageant le profil de talents souvent méconnus, et contribuons ainsi à enrichir nous-mêmes la scène culturelle.  Pourquoi? Pour assurer une couverture plus équitable et authentique du hip-hop au Québec. 

Néanmoins… shout out pour les avancées positives suivantes :

  • Le documentaire Les Racines du Hip-Hop au Québec. À l’origine de cette pépite se trouve une équipe diversifiée, compétente, offrant au grand public l’occasion de découvrir des acteurs majeurs. 
  • Le rappeur Lost, le seul Montréalais ou même carrément le seul Canadien à faire partie de la nouvelle campagne Fifty Deep de YouTube Music. C’était une fierté pour moi de voir cela! 
  • Les médias indépendants pour leur travail exceptionnel et authentique, une bouffée d’air frais au sein du paysage médiatique.

Bien que la route vers une représentation juste, authentique et équitable s’annonce longue, ma confiance dans l’émergence de nouveaux talents musicaux locaux persiste.  De toute façon, l’ère actuelle offre aux esprits créatifs plusieurs occasions de se faire entendre. Mon souhait pour 2024 ? Que la quête de nouveaux publics soit moins ardue pour les artistes racisés. Qu’on se base exclusivement sur les capacités artistiques réelles plutôt que sur le statut ou les privilèges.

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