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Dallas Good : mort d’un pilier du rock canadien

par Luc Marchessault

Dallas Good est décédé le jeudi 17 février 2022. Il avait 48 ans. La Faucheuse ne s’était pas montrée aussi cruelle avec le rock canadien depuis le décès de Gordon Downie à 53 ans, en 2017. Cause du décès : une maladie coronarienne tout juste diagnostiquée. Dallas Good et son frère Travis ont formé The Sadies en 1994 avec le bassiste Sean Dean et le batteur Mike Belitsky. Dallas est tombé, tout jeune, dans la potion de musique de racines concoctée par les légendaires Good Brothers, c’est-à-dire son père Bruce et ses frères Brian et Larry. Pour les musicophiles friands de rock pointu où l’americana se mue en canadiana, Dallas Good était une véritable icône. Sa voix, qui exhalait une chaleur et un charme pastoraux, était irrésistible et immédiatement reconnaissable. Ses doigts produisaient des vibrations pures et obsédantes. Les éloges fusent de partout, du vieux loup de mer classic rock Randy Bachmann au multi-instrumentiste et compositeur Richard Reed Parry (Bell Orchestre, Arcade Fire), qui a réalisé avec les Sadies un album devant voir le jour ce printemps et dont un extrait, Message to Belial (voir le clip ci-dessous), a été lancé récemment.


Dallas Good et les Sadies ont acquis, en une presque trentaine d’années, un statut fort rare chez les groupes rock, soit celui d’entité créatrice à la fois supérieure et féconde, ainsi que d’accompagnateurs que tout le milieu s’arrache. À preuve, les Sadies furent musiciens attitrés ou collaborateurs de la formidable Neko Case, de feu le graveleux ménestrel R’n’B Andre Williams (il faut réécouter leur album Red Dirt), de Jon Langford (The Mekons), de John Doe (si Country Club n’est pas un des meilleurs albums americana-rock des 20 dernières années…) et du susmentionné Gordon Downie (And the Conquering Sun). Les 3 et 4 février 2006, The Sadies s’était organisé une sorte de Will the Circle Be Unbroken ou de Last Waltz sans adieux au Lee’s Palace de Toronto. Garth Hudson, éminent survivant aux doigts toujours aussi magiquement lestes de la vraie Last Waltz, y participait tout comme Jon Spencer, André Ethier (The Deadly Snakes), les Good Brothers ainsi que Margaret Good – maman de Dallas et Travis –, Kelly Hogan, Gary Louris (The Jayhawks), Neko Case et une foule d’autres musiciens dont Blue Rodeo et Steve Albini. En 2010, Garth Hudson leur avait rendu la politesse en les conviant au concert devenu album Garth Hudson Presents: A Canadian Celebration of The Band. Dallas et ses collègues avaient eu l’honneur d’accompagner Neil Young sur This Wheel’s On Fire et d’exécuter une version bien sentie de The Shape I’m In. Les quatre compères des Sadies étaient aussi membres de facto du supergroupe canadien The Unintended, en compagnie de Rick White (Eric’s Trip, Elevator) et Greg Keelor (Blue Rodeo).


On s’en voudrait de ne pas souligner que Dallas Good incarnait la coolitude rock la plus noble : doté d’une silhouette mince et élancée ainsi que d’un faciès taillé à la hache et un rien patibulaire, Good était constamment accoutré d’un complet impeccablement ajusté, souvent de type « Grand Ole Opry » en plus discret. L’homme, qui ressemblait un peu à un personnage de croque-mort de western semi-ironique, était humble, calme, affable et, surtout, diablement talentueux et inventif. Avec son frangin Travis et leur section rythmique, ils ont créé leur propre genre musical en hybridant le country, le bluegrass, le psych-rock, le blues, le punk, le rock’n’roll, le surf-rock, le rockabilly et quelques autres sous-genres. Au fil de leur existence, Dallas et les Sadies ont gagné l’admiration de musicophiles et musiciens rock, au nord et au sud du 49e parallèle. C’est toutefois à l’échelle du rock canadien que leur contribution s’avère exceptionnelle : comme naguère Blue Rodeo et les Tragically Hip, ils ont servi de liant à d’innombrables projets musicaux, auprès d’une foule de musiciens de tendances diverses. L’apport majeur de Dallas Good au monde de la musique rock demeura, bien sûr. Or, la disparition d’un musicien-créateur comme lui, dans la force de l’âge, ne peut qu’être infiniment triste.


Photo de Dallas Good : David Bastedo.

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