Björk – Fossora

· par Alain Brunet

À 56 ans, Björk accomplit un autre miracle, de connivence avec les esprits de l’avant-pop. 

Si elle n’était pas la figure monumentale qu’elle est devenue au fil du temps, sa récente proposition aurait, fort probablement, un impact confidentiel, à tout le moins niché. Cette quête n’a jamais fléchi et cet album extraordinaire en est une preuve supplémentaire. La plupart des propositions instrumentales ou électroniques de Fossora sont parmi les mieux ficelées de son entière discographie, dix albums solos si l’on ne compte pas un premier opus artisanal, rendu public au début de l’adolescence.

La maîtrise de ce langage construit sur quatre décennies est totale et exemplaire.  L’usage des orchestres de chambre, du chant choral ou de la lutherie électroacoustique est au service d’un lyrisme poignant et viscéral. Autant les lignes mélodiques sont consonantes et conformes à l’idée qu’on se fait d’une chanson, autant l’accompagnement se veut un laboratoire où toutes les limites stylistiques peuvent être transgressées. 

La réussite de Björk tient à la qualité des liens établis entre différents genres, communautés et époques musicaux, du noise à la musique ancienne. Tous peuvent s’accrocher à ses balises consensuelles, et c’est encore le cas ici. Les cordes, les anches, les percussions, le chant choral, le beatmaking et autres variables servent les mélodies incarnées et la voix saisissante de la soliste et géniale conceptrice.

Dans Fossora, il est question d’une diffraction poétique de sa condition actuelle de femme artiste tributaire d’une éducation très ouverte par sa regrettée maman, à qui elle rend hommage : Hildur Rúna Hauksdóttir fut militante féministe, intellectuelle encline au nihilisme, mère néanmoins aimante et responsable, malgré une vision du monde plutôt sombre.

La figure maternelle au sens réel ou symbolique – ceci incluant la sienne puisque ses enfants participent à cet enregistrement – est marquante, dans cet ouvrage magnifique. Rentrée en Islande où elle vit désormais, Björk y parle des femmes, de leurs créations du corps et de l’esprit, mais aussi de la nature et de l’univers subtil des champignons sauvages, qui la passionnent et deviennent ici une métaphore de la vie et de l’espoir. Malgré tout.

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