Martha Wainwright et sa défunte mère Kate McGarrigle ont (au moins) ceci en commun : elles ont toutes deux fondé une famille à New York pour ensuite rompre le lien amoureux et rentrer à Montréal avec leur progéniture, au terme d’un hiatus de plusieurs années. Love Will Be Reborn est une diffraction de cette trajectoire exprimée en toute honnêteté, artistiquement et symboliquement. La chanson titre de cet opus studio, son septième depuis 2007, est un renforcement positif duquel découlent les dix autres titres au programme, sorte d’arc chansonnier sur le cycle des émotions humaines, plus précisément de la fin d’un parcours jusqu’à l’orée d’un prochain, le tout servi dans un désordre parfait: malaise, rupture, douleur, sentiments partagés, espoir, réconfort, de nouveau la perspective de séduire ou d’être séduite. Réalisé par l’expérimenté Pierre Marchand, grand homme de studio et membre de la famille élargie, cet enregistrement n’a d’autre objectif de servir la voix et les textes de Martha Wainwright. Les guitares, les claviers, les percussions, la basse, les référents classiques (americana, folk rock, rock), tout est conçu pour magnifier ce que porte l’interprète et conceptrice pour le moins aguerrie. Voilà certes un album fort bien ciselé, qui ne nous apprend musicalement que peu de choses de la célébrissime Montréalaise. Et alors ? L’intérêt de Love Will Be Reborn se trouve ailleurs. Lorsque le verbe et la mélodie vocale dominent une chanson, on peut se contenter largement d’arrangements ciselés et d’exécutions habitées, malgré le conformisme apparent.
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