Une fois les codes du post-minimalisme, du post-rock et de l’ambient maîtrisés, il faut faire face à sa propre singularité. Comment Sarah Neufeld y parvient-elle ? Au-delà d’un rôle de « premier violon » déjà occupé au sein d’Arcade Fire, la musicienne s’est conceptuellement démarquée à travers les enregistrements de Bell Orchestre, dont l’excellent House Music, paru il y a quelques semaines. Une collaboration artistique avec son ex, le saxophoniste Colin Stetson, fut aussi remarquable avec l’album Never Were the Way She Was (2015) et la tournée qui s’ensuivit. Ce que propose ici Sarah Neufeld en solo s’inscrit dans l’esthétique de ses récents travaux collaboratifs. Assortis de mélodies consonantes, les motifs du violon ici imbriqués dans les œuvres sont clairement inspirés du minimalisme et du post-minimalisme, auxquels la musicienne adjoint des percussions, des effets de bourdon électroniques, des couches harmoniques générées par des claviers et différents procédés non instrumentaux. Ce travail est certes plus intéressant que tant de tant de propositions consensuelles issues du néo-classicisme car les aspérités de l’esthétique post-rock. Les influx électros excluent la mièvrerie inhérente à tous les Ludovico Einaudi du spectre musical actuel, dont le succès s’explique d’abord par le maintien de musiques tonales très simples et très rassurantes. Sarah Neufeld n’opte pas pour cette facilité, on n’y dénote aucune obsession de la consensualité. Cela dit, ce que propose la violoniste et compositrice ne transcende pas celles déjà connues de sa part ou encore de la mouvance dont elle est issue. Un travail honnête et rigoureux, certes, mais cette approche organique aura très bientôt besoin de nouveaux nutriments.
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