La musique du vancouvérois Owen Underhill est originale et ambivalente. Cette ambivalence provient de ce qu’elle occupe un territoire sonore souvent à cheval entre la consonance et la dissonance, entre le modernisme et la musique ancienne. Cela est d’une évidente clarté dans ses deux œuvres vocales (les ‘’Songs’’) présente sur cet album, The Retreat, et What is our Life? L’étrange et fantomatique beauté de leurs lignes vocales rappellent un peu les cantus firmus de la polyphonie des 15e et 16e siècles, alors que les soulignements disparates (parfois ondoyants, parfois incisifs) du quatuor à cordes enracinent le tout dans une modernité actuelle. Underhill ajoute à la partition un sacqueboute (l’ancêtre du trombone), qui offre une couleur rustique tout aussi appropriée. Les textes sont de poètes anciens : Henry Vaughan et Sir Walter Raleigh.
Les deux quatuors offrent une perspective différente. Le Quatuor no 2, Northern Line — Angel Station, s’inscrit dans l’héritage de la Seconde école de Vienne. On est ici dans un décor austère, savant et tissé rigoureusement, alors que le Quatuor no 5, Land and Water, nous rapproche de l’avant-garde récente, celle de la deuxième demie du 20e siècle, disons. Là aussi, des panoramas cendreux, des textures éparses, mais magnifiques.
Les Bozzini s’accaparent ces partitions avec soin. Chapeau au contre-ténor Daniel Cabena et au sacqueboutier Jeremy Berkman dans les deux œuvres vocales.