S’il y a bien quelque chose que Tyler, The Creator a prouvé — ou plutôt réaffirmé — avec la sortie récente de son projet dance DON’T TAP THE GLASS, c’est qu’il se moque bien des conventions et ne cherche qu’à créer la musique qui lui plaît. Et c’est dans ce même état d’esprit qu’il est monté sur scène à Osheaga, avec une seule intention : s’éclater avec la foule, malgré la pluie qui a écourté son passage et une fatigue bien palpable.
À peine une semaine après son concert au Centre Bell, Tyler retrouvait sans doute des visages familiers parmi les milliers de spectateurs du parc Jean-Drapeau. Il a fait son entrée sur les notes lourdes et dramatiques de « Big Poe », suivie de l’entraînante « Sugar on My Tongue », perché sur une structure arborant le titre de son dernier album. Il n’en fallait pas plus pour que le public commence à se déhancher, quelques minutes à peine après le coup d’envoi.
Devant et derrière lui, les effets pyrotechniques éclatent au rythme des morceaux, accompagnés d’un éclairage précis, toujours en phase avec les différentes atmosphères de son répertoire. Tyler Gregory Okonma, de son vrai nom, est une véritable bête de scène. Seul sur le vaste plateau, il bondit, se déhanche et incarne chaque pulsation avec intensité.
Après un bref passage dans DON’T TAP THE GLASS, il a enchaîné avec plusieurs titres tirés de CHROMAKOPIA, paru en octobre 2024. L’ambiance s’est assombrie, alors que des faisceaux verts, couleur emblématique du projet, envahissaient la scène. « Sticky » a été l’un des temps forts, la foule scandant à pleins poumons les couplets des rappeuses GloRilla et Sexyy Red. Rarement voit-on un auditoire aussi connecté à son artiste.

À mi-parcours, Tyler a confié qu’il allait puiser dans certains morceaux plus anciens, « cela me permettra de souffler pendant que vous chantez », a-t-il lancé. En reprenant des titres comme « EARFQUAKE » (IGOR) ou « WUSYANAME » (CALL ME IF YOU GET LOST), l’icône du rap alternatif a visé juste. Il n’avait plus qu’à savourer les chants du public.
Plusieurs fois, l’artiste a évoqué son état d’épuisement, admettant être « vidé » vers la fin de son set d’une heure. En tournée depuis février, Tyler approche la fin d’un marathon de plus de soixante concerts. On lui pardonne volontiers cette fatigue, surtout au vu de l’énergie déployée et de la grande majorité de ses textes livrés dans leur intégralité.
Après avoir exploré tous les coins de sa discographie, Tyler a conclu avec la sublime « See You Again », collaboration avec Kali Uchis tirée de Flower Boy (2017). Porté par les voix du public, il a quitté la scène en remerciant chaleureusement ses fans.
Sur « Rah Tah Tah », Tyler, The Creator affirme être le plus grand rappeur de Los Angeles après Kendrick Lamar. Après une prestation aussi solide et une carrière aboutie, on ne peut que lui donner raison. Ce n’est pas de l’arrogance, mais de la lucidité.
Crédit photo: Sophie Mediavilla-Rivard