En termes d’aura, de charisme et de prestance, Jökull Júlíusson, figure centrale de Kaleo, joue dans une classe à part. En début de soirée samedi, la formation folk-rock islandaise a transporté l’auditoire montréalais au cœur des paysages nordiques, quelque part entre terre et mer.
Chemise entrouverte, chapeau de cowboy et lunettes fumées bien apposées sur le museau, le chanteur incarne le style à lui seul, manifestement inspiré par la vague country qui déferle actuellement sur l’industrie musicale. Dès son entrée, l’ensemble entame les premières notes de « Break My Baby », titre de blues-rock aux accents modernes tiré de Surface Sounds. Les spectateurs comprennent immédiatement qu’ils s’apprêtent à vivre un moment spécial.
La puissance vocale du ténor de 35 ans est difficile à rendre à l’écrit : Júlíusson allie avec maîtrise rugosité et fragilité. L’Islandais peut aussi bien bercer la foule avec une balade comme « All the Pretty Girls » — véritable coup de cœur de la soirée — que la secouer avec le rock de « No Good ».
Entouré de ses quatre musiciens et acolytes, Júlíusson livre une interprétation vibrante et fidèle aux arrangements des compositions studio. Þorleifur Gaukur Davíðsson brille avec ses solos d’harmonica disséminés ici et là, insufflant une touche de nostalgie bienvenue. Ajoutez à cela la soul profonde du chanteur, et le tout forme un mariage musical parfaitement équilibré.

Dix ans après sa sortie, « Way Down We Go » demeure la pièce emblématique du groupe. Il n’y avait pas meilleur choix pour conclure que ce morceau, accueilli avec ferveur par les amateurs massés devant la scène.
Le passage d’un peu plus de 50 minutes de Kaleo a filé comme un coup de vent. L’ensemble a su offrir un moment suspendu, poétique et apaisant. Un baume tout en douceur entre les prestations survoltées des rappeurs Tommy Richman et Smino sur le plateau avoisinant.
Crédit photo: Tim Snow