Il y a l’afrofuturisme, nous sommes ici dans l’afro-réalisme. Difficile de faire de la chanson plus réaliste ! Auteur, compositeur, guitariste , chanteur, Jean Jean Roosevelt est un troubadour haïtien modèle 2025.
Par ses rimes il expose ses valeurs, ses aspirations, sa vision du vivre ensemble, son sentiment d’exilé, son libre arbitre sur sa destinée, sa souffrance d’une mère absente, son humanisme planétaire ou même sa perception hilarante de l’hiver québécois qu’il doit subir depuis sa migration montréalaise – relativement récente, semble-t-il.
Ainsi, les textes de Jean Jean Roosevelt sont très proches de la réflexion directe mise en rimes, de l’opinion, d’une pensée citoyenne, d’une posture morale… peut-être moins de la poésie.
Musicalement, cependant, le mec fait de l’art. Très bon chanteur, bon guitariste d’accompagnement, il sait s’entourer de très solides musiciens, sax, claviers, batterie, basse, choriste de qualité, et je retiendrai le jeu exceptionnel de Ronald Nazaire, authentique maître tambourineur haïtien.
On a donc saisi que Jean Jean Roosevelt mobilise d’abord son auditoire dans la communauté afro-antillaise sans qu’on puisse parler de fièvre ou de buzz, du moins pour l’instant. Il sait fort bien malaxer les styles troubadour, rasin, konpa-soul, reggae-soul, power ballade, bref des courants dominants dans la Caraïbe avec une approche chansonnière.
On imagine qu’il existe un vaste marché pour Jean Jean Roosevelt et ses bons sentiments. Ce marché le trouvera, on le lui souhaite, ce qui n’est pas encore tout à fait clair à Montréal, en tout cas cette semaine aux Nuits d’Afrique – le Théâtre Fairmount était loin d’être plein. Question de timing…