Au sujet de cette puante zizanie au top du hip-hop: Kendrick vs Drake

par Alain Brunet

La sortie récente de GNX, album surprise du surdoué Kendrick Lamar Duckworth, s’inscrit dans le brouhaha de ce conflit nauséabond entre Kendrick Lamar et Drake, amorcé il y a un an. En octobre 2023, la chanson First Person Shooter de Drake impliquait le rapper J Cole et ce dernier y affirmait son appartenance à un « Big Three » incluant Kendrick et Drake, l’hôte de ce dernier. Et puis… s’ensuivit une spirale de diss tracks, dont l’objet est dénigrer son interlocuteur et dissuader le public de sa sa pertinence.

Ce dernier a rejeté la trinité proclamée et exprimait son désaccord sur Like That. Et puis J Cole, froissé par ce rejet, a répliqué avec 7 Minutes Drill , critiquant du coup To Pimp A Butterfly, joyau de Kendrick jugé maniéré. Drake, qui ne se prend certes pas pour une orange, en a remis une couche, affirmant dans Push Ups que plusieurs artistes hip hop/soul sont supérieurs à Kendrick. Kendrick relançait l’engueulade avec Euphoria, puis Drake avec Taylor Made Freestyle, associant indirectement Kendrick à l’ascension de Taylor Swift afin de dénigrer son rival. Dans Taylor Made Freestyle de Drake, encore pire : une reproduction IA de feu Tupac Shakur s’en prend à Kendrick.. pendant que frappait ce dernier avec deux missiles: 6:16 in LA et 8 AM in Charlotte.

Le pugilat verbal a carrément dégénéré avec Family Matters de Drake, suggérant que les enfants de Kendrick aient été conçus par son meilleur ami. Furieux, Kendrick sortait Meet the Grahams dans laquelle il laissait entendre que Drake kiffait les mineures et qu’il était désolé pour son fils Adonis d’avoir un tel père. Dans Not Like Us, Kendrik décrivait Drake et ses potes comme une confrérie de pédophiles, carrément. Et devinez quoi, Drake a ensuite laissé entendre que la vie conjugale de Kendrick était marquée par la violence et qu’il ne pouvait plus voir ses enfants.

Des poursuites judiciaires furent amorcées depuis, l’affrontement se poursuit encore aujourd’hui… Il y a quelques jours à peine, a-t-on pu lire dans les médias occidentaux dont les nôtres, le rapper canadien accusait Universal Music Group (UMG) d’avoir consenti à Kendrick des droits de diffusion à prix réduit chez Spotify à condition qu’on y recommande le single Not Like Us à ses abonnés, en plus d’avoir installé des bots pour en augmenter faussement le nombre d’écoutes.  

Pendant que les couteaux volent de plus en plus bas, Drake prévoit être en Australie lorsque Kendrick triomphera à l’entracte du Super Bowl LIX.

Un pas de plus et on sort les guns, comme dans les années 90 ?

Si l’on revient aux sources du conflit, soit la proclamation du meilleur, la conquête du trône, admettons d’abord que les qualités de Drake, de J Cole et de Kendrick sont différentes et difficilement comparables.

Cela étant, je suis d’avis que Kendrick Lamar Duckworth demeure le mastermind du hip-hop, alors que Drake ne peut souhaiter mieux que le championnat de l’extrême-centre générique, tandis que J Cole doit être considéré comme un maître incontesté du flow mais relativement conformiste dans la forme et dans le propos.

Il m’apparaît évident que la substance de Kendrick est plus riche, plus innovante, plus raffinée, dans le texte comme dans la musique et le beatmaking. Je m’étonne encore de son succès de masse, une une exception qui confirme la règle pour une proposition artistique de cette envergure.

Cela étant, je me désole de son épais bombage de torse, voire son immaturité émotionnelle à se prêter à un jeu aussi puéril, à souffler à pleins poumons dans une telle balloune de testostérone. Un garçon aussi brillant n’a donc pas évité ce piège à con de mâle alpha. Honte à lui et à ses désormais ennemis à la vie à la mort.

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