Rhizomes, un album du compositeur français Aho Ssan, évoque la pensée rhizomatique de des coauteurs d’un essai du même nom, Gilles Deleuze et Félix Guattari, et aussi de l’Antillais Édouard Glissant qui en a fait évoluer le concept dans son œuvre littéraire. La pensée rhizomatique désigne une structure évoluant en permanence, dans toutes les directions horizontales, et dénuée de niveaux, et c’est tout à fait le cas de cet enregistrement brillant. Des artistes de toutes origines ont été invités à y participer dont l’Américano-Chilien Nicolas Jaar, apprécié bien au-delà des férus de recherche fondamentale en musique. D’origine africaine, Aho Ssan est l’une des rares figures connues de l’électroacoustique, un domaine généralement occupé par les Occidentaux de race blanche. Forcément, la recherche d’Aho Ssan nous mène ailleurs, sa culture hip hop et électro est distincte, il en reprend sciemment des éléments évocateurs pour les déconstruire et aménager un territoire propice à l’exploration électroacoustique. Rhizomes on peut rappeler vaguement les travaux de Ben Frost, Arca ou Oneothrix Point Never, mais nous somme bel et bien au domaine d’Aho Ssan.
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