Woodkid, alias Yoann Lemoine, est un artiste de l’immersion : auteur, compositeur, vidéaste, artiste visuel, on en passe. Sa multidisciplinarité est la condition essentielle de son succès. S’il n’était que musicien, jamais ses chansons et arrangements n’auraient l’impact obtenu depuis une décennie. On a pu vérifier de nouveau ce culte pop mardi au Mtelus, soit dans une salle pleine d’êtres humains subjugués par la proposition de l’artiste français s’exprimant en anglais. Il devrait en être de même un deuxième soir consécutif.
Woodkid a très bon goût. Sa scénographie est impeccable, comme elle le fut lors de ses précédents passages. Il sait choisir des éléments visuels de grande qualité et créer un espace immersif dans lequel ses fans sautent à pieds joints. Les accompagnateurs sont alignés de gauche à droite devant l’auditoire : percussions, trio de cordes, clarinette basse, trombone, claviers et machines. Au-dessus de la rangée d’instrumentistes, une passerelle traverse la scène, le chanteur s’y exprime et change parfois de palier. Derrière le tout, des images HD de grande qualité ornent chacune des chansons, surtout tirées de l’album S16 paru en 2016, mais aussi tirées d’enregistrements précédents.
Musicalement, Woodkid construit des chansons sur une instrumentation hybride : pop, électro, chant choral, musique de chambre. Les références sont connues de quiconque. Cet amalgame d’évidences est séduisant parce que consonant, mélodique, plutôt simple de manière générale, mais assez chargé et finement emballé pour épater la galerie.
On ne peut néanmoins isoler cette proposition musicale du reste; ce qu’offre Woodkid est spectacle complet, sorte de trame sonore normalement destinée au cinéma ou à la télé, mais cette fois au service d’une immersion audiovisuelle devant public. Et ça marche pas à peu prés.
Clichés bon chic bon genre? Certainement mais…. À sa décharge, Yoann Lemoine a su identifier ce qui fonctionne vraiment dans une chanson pop et y enrober ces évidences mélodico-harmoniques d’un vernis attractif et actuel, juste assez visionnaire pour conquérir un public désireux de s’élever au-dessus de la pop de masse. Son image, son propos, sa vision du monde, sa quête personnelle n’ont rien de profondément singulier. Tout ça constitue un miroir dans lequel se mirent des adultes de sa génération (25-40 ans, surtout) et peuvent y voir le prolongement esthétique de leur existence.