TmbaTa Orchestra est à la base un projet pédagogique mené par une vedette rock locale. Membre de longue date de Bambir, groupe folk-rock qui existe depuis la fin de l’époque soviétique, et également leader de Vishup Ensemble, un projet néo-folk plus mature et haut de gamme, Arik Grigoryan dirige depuis quelques années des ateliers musicaux pour adolescents et jeunes adultes au Centre Tumo pour les technologies créatives, à Erevan, capitale de l’Arménie. Il fait découvrir aux participants des chansons traditionnelles arméniennes vieilles de plusieurs siècles pour leur permettre de mieux prendre la mesure de leur héritage, tout en les gardant intéressés aux éléments contemporains et aux possibilités de fusions intéressantes.
Des saveurs du Maghreb, du Moyen-Orient et de la Russie, entre autres, se glissent dans ces pièces, tout comme des lignes de basse bien rebondies qui flirtent avec le disco, une clarinette fiévreuse qui évoque le klezmer et des envolées éblouissantes, mordantes même, de guitare et de saxophone qui se rapprochent du jazz-punk. L’élément essentiel du son de TmbaTa, cependant, c’est le chant choral féminin, férocement expressif, qui va de la polyphonie à l’appel-réponse, en passant par les entraînants chants de travail.
Il semble bien que des musiciens exceptionnels ont émergé au cours du projet. Par rapport aux enregistrements précédents, il ne s’agit manifestement plus d’une activité parascolaire pour enfants agités, mais plutôt d’un groupe de niveau professionnel capable de faire la fête et qui sera prêt pour le circuit des festivals dès le retour des choses à la normale (voyez-les durant le Festival folklorique de Göteborg en Suède, en septembre dernier). On ne se surprendra pas que Grigoryan et son équipe aient été très occupés ces derniers temps, notamment à aider les réfugiés et les déplacés internes arméniens de l’Artsakh du mieux qu’ils ont pu, le moment est donc bien choisi pour s’initier à leur musique et les encourager.