Yves Léveillé est un poète subtil et raffiné du jazz canadien. Sa musique pour piano a la prose intimiste de celle de Marc Copland et les affinités romantiques de Bill Evans. Mais il apporte une économie sonore et harmonique qui la rend contemplative même dans ses moments plus dynamiques. Ici, le grand Yves s’est adjoint les services d’un quintette à cordes (deux violons, un alto, un violoncelle et une contrebasse) auquel il confie la confection d’une toile soyeusement coussinée (mais quelques fois plus active) sur laquelle il dépose des effleurements pianistiques parcimonieusement distribués, sans éclat agressif et sans énervement virtuose inutile. Juste l’expression d’une pensée focalisée sur l’essentiel : amener des émotions délicates dans un canevas sonore sophistiqué et grandement accessible au plus grand nombre. La magie opère, encore une fois. On en profite pour souligner le bonheur que l’on a à retrouver l’étiquette Effendi reprendre, on dirait, un rythme d’activités conséquent. La scène musicale a besoin d’un tel porte-étendard de qualité. Il faut en remercier Alain Bédard, qui porte tout cela héroïquement tel Atlas le monde sur son dos.
Les musiciens présents :
Yves Léveillé – Piano
Lizann Gervais – 1er violon
Olivier Thouin – 2e violon
François Vallières – Alto
Émilie Girard-Charest – Violoncelle
Étienne Lafrance – Contrebasse