On se souvient encore de la prestation électrisante du trio écossais Young Fathers à Osheaga au milieu de la précédence décennie… et puis? La suite était logique : l’album Dead fut couronné du Mercury Prize, et l’intérêt s’est émoussé un tantinet au fil des ans, malgré les succès critiques des albums White Men Are Black Men Too (2015) et Cocoa Sugar (2018). Et voilà Heavy Heavy qui nous ramène aux paroxysmes originels de ce trio interculturel en provenance d’Edimbourg – Alloysious Massaquoi, Kayus Bankole, G. Hastings. Un groupe capable de conserver une réelle autonomie conceptuelle, capable aussi de nourrir le sentiment d’urgence pendant une décennie de chansons composites, peut encore aspirer aux cimes de la pop, univers de la brièveté comme on le sait. Sauf la forme chanson qui prédomine ici, les référents de nos Young Fathers sont très variés et reflètent le riche bouillon de culture dans lequel ils infusent et puisent leur grande inspiration : post punk, électro-rock, power pop, pop de chambre, gospel et musiques sacrées, bass music, big beat, ornements vocaux de traditions africaines, on en passe. Les grooves sont blancs, les grooves sont noirs, l’équilibre entre ascendances africaine et occidentale est un exemple plus que probant de bonne entente et de fusion progressive des cultures évoluant sur un même territoire. Avec une telle puissance d’évocation, on s’autorise à croire que les humains peuvent s’unir dans la création et constituer un tout pacifique, cohérent, vibrant.
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