Pays : Espagne Label : Season of Mist Genres et styles : death metal technique / death-metal / metal Année : 2024

Wormed – Omegon

· par Laurent Bellemare

Si les thématiques de science-fiction ne datent plus d’hier dans la mythologie du death metal, il n’est tout de même pas simple d’évoquer cette fascination pour le cosmos dans un cadre musical. Wormed, véritable ovni de la scène extrême d’Espagne, est l’un de ces groupes qui réalisent cette transmutation avec goût et vision. À tous les niveaux, Omegon est leur album le plus ambitieux en carrière.

Aux premiers abords, ce nouvel album paraît relativement convenu… si l’on considère que la branche complètement chaotique et spasmodique de métal que joue Wormed peut vraiment relever du conventionnel. Plusieurs éléments clés y sont toutefois bien présents : morceaux compacts aux arrêts brusques et changements fréquents, structures étourdissantes, guitares stratifiées et accords dissonants, percussions brutales d’une précision sans pareil, technicité débridée et voix inhumaine qui renforce bien le caractère paranormal que le groupe aime revêtir. Même la très numérique pochette bleue est au rendez-vous. Pourtant, les écoutes répétées font ressortir plusieurs choix artistiques qui poussent le son du groupe plus loin.

Déjà, l’album est le plus long de Wormed jusqu’à présent, ce qui laisse place à plus de développements. Cet aspect est particulièrement frappant dans la seconde moitié de l’album, où des passages mélodiques se construisent de manière fluide par-dessus une section rythmique toujours aussi frénétique. Il y a une palette étendue des harmonies et des techniques guitaristiques employées, une tendance annoncée par l’EP Metaportal sorti en 2019. L’implémentation d’harmonies dissonantes et de mélodies éthérées permet à un second plan de se créer et d’enrichir une musique autrement très brute.

Par ailleurs, on a affaire à une production et un mixage qui rappellent le son cru et énergisant du premier album Planisphaerium (2003) tout en conservant l’attaque véloce et l’aspect moderne des albums subséquents. Ce retour aux sources peut aussi s’entendre dans la performance vocale, qui ramène dans l’équation les croassements aspirés très caractéristiques de ce même premier album. La différence entre cette voix aspirée et les voix expirées principalement utilisées est subtile, mais très appréciable pour la diversité que cette juxtaposition apporte à la musique.

Omegon demeure une production de niche, mais qui pourrait bien élargir l’auditoire de Wormed. C’est un excellent album à faire découvrir, mais également un opus dont les subtilités satisferont celles et ceux déjà en connaissance de cause. Voilà un bel exemple d’une évolution qui s’accroche à une esthétique pour en faire croître les possibles sans la dénaturer. Le seul reproche à faire, c’est peut-être celui de la pochette digne d’un film de Transformers.

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