On connait l’autrice-compositrice-interprète Viviane Audet, apparue en 2006 avec son premier album Le long jeu, accueilli
chaleureusement par le public et la critique, revenue en 2014 avec son folk pianistique sur Le couloir des ouragans, réalisé par Philippe Brault et bouleversant d’intimité, puis plus récemment, avec Les nuits avancent comme des camions blindés sur les filles en 2023, depuis un bon moment déjà. Mais, les plus aguerris savent qu’elle compose aussi, en parrallèle, des pièces instrumentales, comme sur son EP Piano en 2019, son album Les filles montagnes inspirée de la tragédie de Polytechnique ou encore pour l’image, signant notamment la musique des films Camion et Gurov & Anna. C’est dans cette veine que se situe son plus récent album, co-réalisé par Ghislain-Luc Lavigne et accompagné par son acolyte de toujours à la direction artistique, Robin-Joël Cool avec qui elle partage aussi la scène dans le groupe Mentana. Un récit pianistique intitulé Le piano et le torrent où Viviane nous emmène avec elle, de par les paysages, les lieux et les personnes ayant meublé son enfance Gaspésienne.
On commence le voyage avec Le jour qui craque, une berceuse à la ritournelle simple remplie de lumière, qui donne tout de suite le ton doux et nostalgique de l’opus. La nuit l’été le p’tit bois, Dolo, Et si un jour tu reviens les oiseaux te feront un passage la rejoignent un peu plus loin dans l’esprit. Certaines pièces rappellent parfois l’univers de compositeurs néo-classiques Européens, entre autre Yann Tiersen, comme Les galeries, Balle au mur et Le tendre.Certaines encore, Le Goéland, ma préférée de l’album, Le Torrent et Maria, ont les teintes de compositeurs tels Chopin et Debussy.
Some Squall se distingue par sa teinte plus sombre, avec ses staccatos dramatiques, teinte qui apporte une tension unique sur l’album qui se résout tout de même dans la douceur. Barlicoco a une touche rappelant les compositeurs russes, Rue des Loriots surprend dans sa progression mélodique versant dans la dissonance par moments, une recherche frôlant l’atonal intéressante et Plus le silence et là plus je l’entends ouvre les possibilités, comme un dialogue où la mélodie se répond à elle-même.
Un album rempli de tendresse, de nostalgie et de beauté et de lumière, que j’ai eu la chance, par le plus merveilleux des hasards, d’écouter dans mon jardin ensoleillé. C’était vraiment une trame sonore parfaite pour profiter du calme des premiers rayons lors d’une journée contemplative et même si notre tête n’est pas remplie des souvenirs de Maria de Viviane, l’album nous montre le chemin jusqu’à ceux qui nous appartiennent. Je l’ai adoré et je le recommande chaleureusement.