Après le succès de l’album Joy As an Act of Resistance, IDLES n’hésite plus à taper du poing sur la table au nom de tous les opprimés du système – rien de moins – avec Ultra Mono, troisième parution du groupe sur le très populaire label Partisan Records (Pottery, Fontaines D.C.). Sur ses chansons écrites dans le contexte d’un Brexit qui n’en finit plus, le chanteur Joe Talbot scande avec toujours autant d’ardeur, de sa voix d’écorché vif, les conflits politiques qui déchirent les classes sociales de son pays. Anti-homophobe, anti-sexiste, anti-raciste, anti-libéral et j’en passe, IDLES est tout simplement devenu le groupe punk anti-haine le plus musclé de la scène post-punk anglaise actuelle, même si cet engagement pour la classe ouvrière est sujet à débat dans la récente publication du chanteur Lias Saoudi des Fat White Family. Si la musique ne peut pas résoudre les problèmes sociaux, celle d’IDLES nous pousse à les exprimer sans compromis. On lève le poing pour le mouvement Black Lives Matter sur Grounds, on se tape la tête contre les murs sur Anxiety, on s’époumone contre l’austérité sur Carcinogenic ou encore on renverse la table des politiques sur Reigns. On prend même un malin plaisir à imaginer la pionnière du mouvement Riot Grrl Kathleen Hanna des Bikini Kill prendre Trump « by the pussy », comme on l’énonce sur Mr Motivator. Comment faire face à cette oppression ? Kill Them With Kindness, nous dit Joe Talbot, comme si cet excès de rage pouvait se transformer miraculeusement en amour inconditionnel. C’est en tout cas le message que défend Ultra Mono. Ancien toxico, le chanteur assume ouvertement son parcours d’âme en peine, ses conflits personnels intérieurs, sa vision holistique et sa renaissance à travers l’acceptation de soi et l’empathie. On sent aussi que le groupe n’a plus envie de rire. L’humour acerbe qui faisait grincer des dents sur les premiers albums se transforme en attaque en règle contre les oppresseurs, comme le suggère le titre War. On notera également les apparitions malheureusement presque imperceptibles de Jehnny Beth, amie de longue date du groupe, sur Ne Touche Pas Moi, et de David Yow des Jesus Lizard sur plusieurs morceaux. Ce dernier album d’IDLES cogne, tabasse et finit par mettre K.-O. tous les despotes en travers de son passage.
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