Depuis la sortie de The Origin of My Depression en 2019, Xandra Metcalfe s’est fait remarquer exponentiellement avec son noise à la fois extrême et absolument personnel. En contraste avec les classiques du genre évoluant à travers des teintes de noir et produisant des albums déshumanisés (on pense à Merzbow ici!), Uboa transpire l’émotion et la sensibilité. C’est une musique qui sait être bruyante et brutale, mais également très mélodique et accrocheuse. Un vent de fraîcheur dans le paysage des musiques inaccessibles.
On dit d’Impossible Light, premier album complet en cinq ans, qu’il a été d’abord pensé en continuité avec son prédécesseur. On dit également que cet album a failli ne jamais voir le jour. D’une part, l’aspect rapiécé d’un album qui a été dur à terminer s’entend très bien. Les pistes évoluent avec un sens beaucoup moins évident de la macrostructure, comme des nappes sonores relativement stagnantes se fondant l’une dans l’autre et dont émergent divers élément surprises. Du doux chaos apparaissent tantôt de longs passages industriels, non loin des racines métal du projet, et tantôt des explosions de glitch et de cris de détresse époumonés. Dans une pièce comme ‘Endoctrine Disruptor’, une cellule mélodique se développe sur une batterie pesante et un chant plaintif. Ce moment exemplifie les occasionnels passages respirant la lumière et l’espoir. Il y a également les collaborations vocales avec Lane Shi Otay, Charlie Looker et Haela Ravenna Hunt-Hendrix (de Liturgy), toutes concentrées dans la dernière piste ‘Impossible Light / Golden Flower’. Le chant en mandarin d’Otay, qui domine le morceau, vient certainement ajouter une couleur intéressante et inédite à l’album. Cette pièce de 10 minutes démontre d’ailleurs bien les proportions épiques que peut prendre la musique d’Uboa.
Suite digne de The Origin of My Depression? Question de goût, j’imagine. La critique a jusqu’ici été très favorable envers Impossible Light, le qualifiant même du meilleur album d’Uboa à ce jour. Pourtant, c’est un opus qui semble décousu, parsemé de moments où les pièces semblent n’aller nulle part. Le micromontage et le traitement sonore offrent toujours quelque chose d’intéressant à l’oreille attentive, mais l’arc narratif qui justifie l’assemblage de toutes ces idées est confus. L’album demeure un ajout très appréciable à la discographie de ce projet unique. Toutefois, Metcalfe y maîtrise moins bien le rapport tension-résolution qu’auparavant.