Aussi contradictoire que cela puisse paraître, les mystères de la science n’ont peut être jamais été à la fois aussi proches et éloignés de nous. Elle aussi prise au piège dans la sauvagerie du capitalisme de notre époque, jamais dans notre histoire la science n’a eu aussi peu d’âme et en même temps une aussi grande importance dans les consciences, jusqu’à même prendre la forme d’une nouvelle religion aux yeux de certains. Le Zeitgeist de la prochaine décennie sera très certainement marqué par les recherches fondamentales actuelles en neurosciences ou en physique quantique et par le développement des thérapies psychédéliques et de l’intelligence artificielle (voire même de l’intelligence artificielle générale). Tout cela semble nous diriger vers une compréhension de plus en plus poussée de ce que peut être la conscience, l’une des plus grandes énigmes humaines qui perdure depuis la nuit des temps. Sorti de l’excellent label aux mille et unes compilations très nichées Soul Jazz, le nouvel album néo-kraut PostHuman de Trees Speak met en lumière ce changement de paradigme décisif qui s’opère dans l’ombre des chercheurs. Selon Julian Cope, la kosmische musik allemande était une sorte de moment de voyance humaine et ce nouvel effort ne fait que lui donner raison. Trees Speak nous plonge dans un futur plus ou moins proche où le monde virtuel digital prend le pas sur le monde de la matière organique et où l’humanité se métamorphose sous les yeux d’une nouvelle conscience naissante : celle de l’intelligence artificielle. À la fois très minimaliste et très riche musicalement, le groupe pioche ses influences dans les albums kraut au concept vertigineux de Klaus Schulze, dans les bandes-sons de films artsy ou d’espionnage des années 60 et 70 ou encore dans le style DIY du genre no wave du New-York des années 70. L’album s’explore comme un long couloir onirique où les portes de l’esprit s’ouvrent et se referment aléatoirement au ralenti. Chaque pièce prend vie comme de petites capsules cinématographiques symboliques, abstraites et mystérieuses où l’auditeur peut finalement laisser libre cours à son imagination. Si Jean Cocteau disait décalquer l’invisible, Trees Speak pousse son génie plus loin pour rendre le monde imperceptible des profondeurs de l’inconscient audible et décompose, tel un prisme, toutes les fréquences de la lumière pour les retransmettre à travers des sons aussi bien organiques qu’ondulatoires et électromagnétiques. Vous ne rêvez pas, il s’agit bien là d’un des chef-d’œuvres de l’année.
Tout le contenu 360
Critique d'album Chanson francophone/pop/rock 2024
Allô Fantôme – Chut ! (Top Albums 2024)
Par Arielle Desgroseillers-Taillon
Critique de concert classique occidental/classique
OSL | Un Noël enchanteur
Par Alexandre Villemaire
Critique d'album Chanson francophone/soul/R&B/pop/jazz 2024
Rau_Ze – Virer nos vies (Top Albums 2024)
Par Arielle Desgroseillers-Taillon
Critique d'album pop 2024
Sabrina Carpenter – Short n’ Sweet (Top Albums 2024)
Par Arielle Desgroseillers-Taillon
Critique d'album Chanson francophone/pop 2024
Valence – La nuit s’achève (Top Albums 2024)
Par Arielle Desgroseillers-Taillon
Critique d'album rock 2024
Vampire Weekend – Only God Was Above Us (Top Albums 2024)
Par Lyle Hendriks
Critique d'album hip-hop/jazz/soul/R&B 2024
Tyler, The Creator – Chromakopia (Top Albums 2024)
Par Helena Palmer
Critique d'album pop 2024
The Lemon Twigs – A Dream Is All We Know (Top Albums 2024)
Par Sami Rixhon
Critique d'album Chanson francophone/americana/pop 2024
Nicolas Michaux – Vitalisme (Top Albums 2024)
Par Sami Rixhon
Critique d'album Afrique/Antilles / Caraïbes/soul/R&B 2024
Joé Dwèt Filé – Goumin et Goumin Terminé (Top Albums 2024)
Par Sandra Gasana
Critique de concert classique/classique occidental
Dans le silence de la Nuit, la parole de Molinari
Par Alexandre Villemaire
Interview classique/musique sacrée