Anti-paysage est une plongée totale et holistique dans l’abstraction sonore, libérée de toute forme prévisible et narrative connue. Les sons, synthétiques comme naturels (ici on parle de captations autant que de performances acoustiques aux percussions, piano ou flûte) existent dans une nébuleuse structurelle dont on cherchera en vain toute délimitation logique. Cela dit, ce qui est agréable dans l’esthétique de DeLio, c’est le dénuement libérateur de ses créations. À l’exact opposé du bruitisme et de ses velléités dominatrices, l’abstraction Miró-esque (imaginez des tableaux du peintre catalan traduit en sons) de DeLio est empreinte de poésie, d’onirisme translucide et de bienveillance. On y est chatouillé, titillé doucement, jamais bousculé. Il y a presque autant de silence que de musique, laquelle doit être écoutée dans les meilleures conditions pour ne pas en perdre une seule bribe, souvent des murmures à la limite de l’inaudible. On pense parfois à certaines œuvres de Pierre Henry, mais dans une vision plus esthétique et ornementale, surtout moins saturée.
DeLio offre une musique post-Cage optimiste qui caressera délicatement les oreilles les plus aventureuses.