En 2017, Algiers avait marqué bien des esprits avec la parution de son deuxième album, The Underside of Power , un manifeste brûlant enregistré en réaction contre l’élection de Donald Trump , le Brexit et la montée de la droite un peu partout sur le globe. Pour accompagner cet appel aux armes, le trio d’Atlanta, qui venait alors de devenir un quatuor avec le recrutement du batteur britannique Matt Tong (un ancien de chez Bloc Party), avait perfectionné avec succès la fusion du bruit de ses guitares post-punk à la ferveur du gospel.
Trois ans plus tard, s’alliant l’expertise des réalisateurs Randall Dunn et Ben Greenberg, la formation adoucit le mélange tout en l’assaisonnant de sonorités électroniques. Les influences gospel, mais surtout post-punk sont encore bien présentes, la musique du groupe allant même jusqu’à évoquer celle de Depeche Mode (dont il a ouvert les concerts en 2017) sur quelques pièces. Seul le punk-rock de Void qui clôt le disque jure avec l’aspect plus mesuré de l’ensemble.
Ce que ces nouvelles chansons d’Algiers perdent en force de frappe, elles le gagnent en subtilité. Ce qui colle davantage au propos qui, bien que toujours très critique face à l’état du monde moderne, est plus nuancé qu’auparavant. Le spectre sonore moins chargé nous permet d’ailleurs d’apprécier encore mieux le chant passionné de Franklin James Fisher, sans contredit une des grandes voix du rock actuel.