La muse du contrebassiste français Théo Girard est un insatiable oiseau migrateur qui l’a guidé vers les contrées musicales les plus diverses. L’homme a autant voyagé du côté de la musique tzigane, au sein du célèbre ensemble Bratsch, que de ceux du jazz contemporain, du jazz manouche, de l’improvisation libre, de la chanson d’inspiration révolutionnaire ou bien des trames sonores pour le théâtre. L’enregistrement devant public Pensées Rotatives est un de ses projets les plus ambitieux jusqu’à maintenant. En plus d’y être épaulé par ses fidèles comparses du quatuor présent sur l’album Bulle – ses compatriotes Antoine Berjeaut à la trompette et Basile Naudet au saxophone alto, ainsi que le batteur britannique Seb Rochford –, Girard s’est adjoint les services d’un orchestre comptant une douzaine d’instrumentistes. Bousculant les conventions, il a installé le quartette de base en plein milieu du public. Le reste de la pimpante troupe gravitait tout autour de tout ce joli monde, l’emportant dans une fête sonore au cours de laquelle on ne se prend pas la tête, puisque la musique jouée est aussi accessible que complexe.
D’irrésistibles rythmiques dansantes peuvent y côtoyer des arrangements de cuivres touffus et des solos free complètement débridés. Cette œuvre tourbillonnante évoque d’autres ensembles dirigés par des contrebassistes : l’orchestre dantesque du titan Mingus, le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden ou, dans un registre plus moderne, les big bands dirigés par William Parker ou Adam Lane. Il s’agit d’une suite frénétique qui dure près de quatre-vingts minutes, mais pendant laquelle on ne s’ennuie pas une seule seconde. Les amateurs de jazz à grand déploiement vont se régaler!