The Women Who Raised Me est le troisième album que Kandace Springs a enregistré depuis qu’elle a été remarquée par Prince puis repêchée par Blue Note. Elle adhère plus que jamais au genre de prédilection du label puisque, si jusqu’à maintenant elle naviguait sur des eaux plus soul, la contrebasse agile du grand Christian McBride nous indique dès les premières secondes du disque qu’elle vogue maintenant toutes voiles ouvertes sur les mers bleues du jazz.
Comme son titre l’atteste, ce nouveau projet de la chanteuse originaire de Nashville est l’occasion pour elle de rendre hommage aux femmes grâce à qui elle est devenue l’artiste qu’elle est maintenant. Elle nous y propose donc des reprises de pièces d’Astrud Gilberto, Sade Adu, Bonnie Raitt, Lauryn Hill, Nina Simone, Billie Holiday, Norah Jones, Roberta Flack, Dusty Springfield ou Carmen McRae. Ce faisant, elle prend le risque de se mesurer à des intouchables telles que Solitude ou Killing Me Softly. Elle va même jusqu’à superposer I Put a Spell on You et la célèbre Sonate au Clair Lune de Beethoven! Elle évite pourtant tous les écueils venant avec de tels choix grâce à son bon goût et à son chant assuré.
De plus, elle est épaulée par une cohorte d’illustres praticiens du jazz : outre Christian McBride, défilent le trompettiste Avishai Cohen (qui fait des merveilles sur I Can’t Make You Love Me), la jeune flûtiste Elena Pindehughes et, aux saxophones, ce bon vieux David Sanborn ainsi que l’immense Chris Potter. Aucun d’entre eux ne porte ombrage à la chanteuse qui, à défaut d’avoir une personnalité singulière, a tout le talent et la classe nécessaires pour s’inscrire dans la tradition où ont évolué les grandes dames que cet album célèbre.