Parmi la multitude de compositeurs dont l’histoire est constituée, Lodovico Grossi da Viadana compte parmi les personnages les plus influents de la musique italienne du XVIe siècle. Maître de chapelle à Crémone, Concordia-Sagittaria et Fano, son répertoire comprend essentiellement de la musique sacrée, allant de motets aux messes en passant par les psaumes. Ce premier opus par l’adéquatement nommé Viadana Collective propose une introduction et une découverte d’une partie de l’œuvre considérable de ce compositeur. Le fil d’Ariane qui traverse l’album est le recueil Centum sacri concentus ab una voce sola, une contribution non négligeable du genre monodique au répertoire solo de l’époque baroque auquel se greffent des motets à 4, 5 et 8 voix ainsi que diverses œuvres instrumentales. En comptant les huit extraits choisis de ce recueil de chants, un peu plus de la moitié des pièces de l’album sont des enregistrements en première mondiale.
Au-delà de la nouveauté et de la découverte, c’est surtout l’expertise et la vitalité de l’exécution qui marquent cet opus. Il est constitué par une distribution de musicien de haut vol comprenant les voix de Suzie LeBlanc (soprano), Vicki St-Pierre (contralto), Charles Daniels (ténor) et Roland Faust (basse), accompagnés par Bruce Dickey (cornetto) Anna Noelle Amstutz (violon), Catherine Motuz (trombone ténor), Iason Marmaras et Christophe Gauthier (orgue). La direction artistique incombe à Maximilien Brisson, spécialiste dans l’interprétation du trombone baroque qui porte ce projet fouillé avec une main experte. Le matériel musical est traité avec maîtrise et grande orfèvrerie, tant dans les pièces instrumentales que dans les pièces vocales. Chacune est choisie avec doigté pour exprimer des textures musicales variées dans lesquelles le langage de Viadana est accentué par l’expression musicale de chaque instrumentiste. De l’ouverture majestueuse « Hodie nobis cœlorum Rex » mettant de l’avant la justesse et l’écrin sonore lumineux et cuivré de l’ensemble, en passant par le figuralisme vocal des chants comme « O Domine Jesu », « Ardens est cor meum » ou encore par les intelligentes improvisations à l’orgue de Marmaras et Gauthier, Sacri Concentus nous plonge dans un univers d’une grande richesse sonore où le souci du détail, la recherche fine du détail et la passion sont palpables.