Il y a exactement un an, The Smile faisait ses débuts lors de la diffusion du festival de Glastonbury. De nombreux admirateurs de Radiohead se mirent alors à espérer du concret, de la part de ce trio dérivé du quintette expérimental universellement connu. À la lumière de cette prestation pixellisée en noir et blanc, on constata que The Smile tendait davantage vers le post-punk ou math-rock des années 90 que vers le matériel récent de Radiohead. On avait Thom Yorke au chant et à la guitare frénétiques, Jonny Greenwood à la basse, au synthétiseur et à la guitare solo, puis Tom Skinner – de Sons of Kemet – à la batterie. Le groupe n’a joué que quatre chansons, mais a récidivé six mois plus tard avec un autre concert en direct du Magazine, à Londres, nous offrant plus d’échantillons de leur musique complexe, mais agréable.
The Smile lance maintenant un premier album de treize chansons intitulé A Light For Attracting Attention, un nom particulièrement approprié puisque la musicosphère a les yeux rivés sur ce projet parallèle (au même titre que les autres projets de Thom Yorke, comme Atoms for Peace, qui est un Radiohead avec Flee à la basse). Il y a un moment qu’on avait entendu du matériel qui ressemble autant à Radiohead. Car, même si les membres de Radiohead qui participent à A Light For Attracting Attention y injectent un renouveau sonore, le seul aspect qui distingue cet album d’une suite à A Moon Shaped Pool (2016) est la batterie méticuleuse et groovy de Skinner. Et, même là, de nombreuses chansons ressemblent à Radiohead, sans doute aussi parce que le réalisateur s’appelle Nigel Godrich. En outre, Yorke chante ses thèmes de prédilection : aliénation, isolement et caractérisation…
Cela dit, certaines de ces pièces comptent parmi les meilleures que Yorke et Greenwood ont créées depuis longtemps. Pana-vision est céleste et, dans The Smoke, certaines séquences de cuivres ressemblent à des musiques de film, sans doute à cause des incursions de Greenwood et Yorke dans ce domaine. Speech Bubbles échantillonne également un orchestre complet, un procédé que ces musiciens n’avaient jamais aussi bien employé. Open the Floodgates et Skrting The Surface, la dernière pièce, sont également magnifiques et envoûtantes, mais j’avais déjà utilisé ces qualificatifs pour décrire une chanson de Radiohead.
Alors, était-il nécessaire de former ce groupe « pandémique » sans Ed O’Brien, Colin Greenwood et Philip Selway? Pas vraiment. Ces chansons auraient tout aussi bien pu être publiées sous le nom de Radiohead. Puis, The Smile excelle lorsqu’il s’éloigne du vaisseau amiral. Néanmoins, on perçoit sur cet album la camaraderie et le désir d’expérimentation de trois musiciens très talentueux, réunis en studio et s’efforçant de créer de la grande musique.