Wax Tailor est passé maître dans l’art de l’échantillonnage et de la mise en contexte sonore. À chaque nouvelle sortie, l’artiste réussit le pari de nous transporter dans un monde cinématographique dont il est le seul réalisateur. Ce huitième opus ne déroge pas à la règle; The Shadow of Their Suns aborde cette fois-ci des sujets sociétaux comme l’urgence climatique et politique, le poing levé bien haut. Un élément visuel fort, qui illustre d’ailleurs la pochette; une image symbolisant les luttes de la classe ouvrière, celle travaillant dans les usines ou les mines, tout au bas de l’échelle sociale. Et c’est bien souvent à l’origine de mouvements sociaux que les choses ont changé, une métaphore musicale que Wax Tailor a minutieusement composée pour ce nouvel album.
The Shadow of Their Suns est construit tel un long métrage dont la fin semble aborder avec un certain optimisme un futur proche. Pour toute la première moitié de l’album, les sonorités et les mélodies nous ramènent à cette pochette si sombre. L’image d’un ouvrier, chaînes au pied, marchant vers ce tunnel obscur est terrifiante. L’allusion à 1984 de George Orwell, citée dans Fear of a Blind Planet, rajoute encore plus d’impact et d’atmosphère à cette pièce. Doucement, l’artiste nous mène vers la lumière en distillant des samples étincelants et des voix porteuses d’espoir comme celle de Rosemary Standley de Moriarty sur le titre Misery. On y retrouve aussi le légendaire Mark Lanegan, la voix du regretté Gil Scott-Heron sur Paint it Black, ou encore celle de l’étoile montante du rap américain, D Smoke, avec le titre Keep it Movin qui donne à ce road trip musical un virage plus pop et rythmé, rempli d’espoir. Le bout du tunnel n’est plus si loin et l’on peut entrapercevoir la lumière sur The Light et ses violons, le dernier titre d’un album qui se termine sur une note d’espoir émergeant du noir. Entre hip-hop, sample, scratch, instruments et voix, Wax Tailor signe à nouveau une bande sonore à son image, digne d’un long métrage.