Tevet Sela est un saxophoniste montréalais d’origine israélienne, établi dans la métropole depuis 2010. Sweet Tears est son 8e album.
Les diverses influences mentionnées par l’artiste (klezmer, musique arabe) sont largement intégrées, voire diluées, dans un discours assez classique jazz. Mais on remarquera l’énergie communicatrice qui ressort de la musique de Sela, et surtout la beauté de son timbre instrumental. Le Montréalais d’adoption déploie des lignes vibrantes et lumineuses, enrobées d’un halo souvent somptueux et rayonnant. Sela grimpe occasionnellement vers quelque virevolte atmosphérique, un brin glaciale, mais ne s’y éternise pas.
Ses compos sont basées sur des mélodies franches et bien dessinées, à partir desquelles lui et ses amis explorent un art improvisatoire solidement maîtrisé. Les échanges équilibrés procèdent d’une expérience indéniable du discours jazz à la fois raffiné, étudié et imprégné d’une intuition naturelle. Quelques incursions blues apportent un agréable contrepoint terreux à l’ensemble. Sweet Tears est une parfaite proposition jazz estivale, de laquelle se dégage un fort sentiment d’optimisme. C’est sérieux mais très souriant, et ça fait passer une certaine modernité comme une lettre à la poste.
Le line-up de ce quartette en fonction depuis quelques années à peine fait dans la grande pointure : John Roney (piano), Mike Downes (contrebasse) et Mark Kelso (batterie) embrassent avec complicité la démarche artistique de Sela.
Du beau et du très bon jazz, peut-être sans grande surprise, mais toujours pleinement stimulant. Sela sera au FIJM le 6 juillet à 18h. C’est gratuit, donc, pas de raison de le manquer. Mais si jamais c’est le cas, ou si vous n’êtes pas rassasiés, sachez que Tevet Sela est un régulier du Bistro musical Modavie dans le Vieux-Montréal.