De la musique joviale et même jubilatoire, avec toujours deux frères, plus un nouveau bassiste, et, pour compléter le tout, un trompettiste invité qui ne donne pas sa place au soleil. Signé chez World Village en France, puis sur le label Mack Avenue aux États-Unis, le pianiste de la capitale cubaine, Harold Lopez-Nussa, vient de faire paraître son nouvel opus jazz-pop-latin fait de morceaux brefs mais qui groovent comme ça n’a aucun bon sang! Troisième album d’affilée donc, depuis ce fameux La Havane-Paris-Dakar en 2015, on aura rarement vu un claviériste aussi débordant d’enthousiasme à présenter sa musique; une musique tellement rassembleuse, enjouée, et qui parle déjà d’elle-même.
HLP, qui a gagné le premier prix au festival de jazz de Montreux à 22 ans, s’applique depuis à l’art du trio. Jusqu’ici, du moins. Jusqu’à ce que débarque Mayquel Gonzalés, un jeune compatriote trompettiste avec un jeu d’une épatante puissance, d’un bout à l’autre de l’enregistrement. À la batterie et aux percussions, le très exubérant Ruy Adrian Lopez-Nussa, le tannant petit frère de l’autre qui s’amuse à suivre son frangin et même à l’acculer dans tous les recoins. Et c’est sur cette ossature hyper solide qu’on s’évertue ensuite à changer les bassistes au fil des ans : D’abord Alun Wade, le Sénégalais, puis Gaston Joya, un contrebassiste ami d’enfance sur l’album précédant Un Dia Cualquiera et ici, enfin, Julio Cesar Gonzalez, plus funky « à-la-Jaco », ou « à-la-Bona » qu’on avait vu au Festival International de Jazz de Montréal, il y a deux ans, avec les mêmes frères d’armes. Plusieurs invités dans le party parmi lesquels, Randy Malcom, un vrai fêtard, et le fabuleux Vincent Peirani à l’accordéon dans un classique de Michel Legrand, inattendu mais qui fonctionne à merveille. En passant, le titre Lo Te Dije signifie « Je te l’avais dit! ». Pari relevé donc; défi gagné. Même si nous ne connaissons pas les termes exacts de la gageure, un auditeur averti en vaut mille!