Interprète orbitant autour de la planète pianistique depuis plusieurs années, paré d’un large catalogue discographique et auréolé de critiques élogieuses, le pianiste britannique Stephen Hough livre sur ce plus récent opus son interprétation de sonates que l’on pourrait qualifier d’étoiles éloignées au sein de la constellation des productions de Schubert. L’unité thématique qui unit ces trois pièces pour piano réside, en effet, dans le fait qu’elles ont soit été composées en dehors du catalogue schubertien, publié à titre posthume, sous un nom différent ou en un fragment incomplet. C’est la Sonate en sol majeur D. 894, dix-huitième et dernière sonate composée par le compositeur (1826-27), qui ouvre l’album.
Considérée par Schubert comme étant sa « quatrième sonate » suivant sa trilogie de 1815 (D. 840, 845, 850), l’œuvre – bien que surnommée « Fantaisie » – est un modèle des plus orthodoxes de la forme sonate. La dimension fantaisiste se manifeste dans le contenu musical insolite du premier mouvement, avec son lyrisme contemplatif, son harmonie complexe et ses thèmes à la fois sereins et dramatiques. Les mouvements Andante et Menuetto, à l’énergie extatique et juvénile, sont suivis d’un Allegretto conclusif au caractère festif. Composée presque en même temps que le Quintette « La Truite », la Sonate en la majeur D. 664 dégage une énergie champêtre et un charme viennois, notamment dans le premier mouvement. Le deuxième mouvement Andante et l’Allegro qui conclut la sonate se placent sous le signe de la légèreté avec, respectivement, des traits mélancoliques, tendres et espiègles. Intercalé entre ces deux sonates, Hough propose une interprétation simple et rigoureuse de ce qu’aurait été une Sonate en mi mineur, telle qu’elle a été laissée par le compositeur, abandonnée en plein milieu d’une phrase musicale.
On a droit à un Stephen Hough expressif, nuancé, énergique et fidèle à sa réputation : une interprétation précise lyrique et dynamique, sans excès.