Après s’être investi dans des réalisations aux subjectivités expérimentales (Teenage Tapes,
2014 / Desert Sessions, 2018), une trilogie sur cassettes d’expression texane purement Screw
(Slowed Down Funk, 2014), un brillant album lo-fi qui se rapprochait des instrumentations du
Memphis rap (Hangin’ At The Beach, 2016) et de nombreux 12″ house prisés des DJ, le jeune
producteur californien Delroy Edwards se distingue cette fois avec un album hommage où il
distille en huit morceaux quatre décennies de musique électronique américaine.
Appuyé par une volonté esthétique résolument old-school, Edwards poursuit son travail de
fouille en souscrivant à de nombreuses influences du passé. On retrouve d’emblée des
rapprochements évidents avec les sonorités du label Trax et les origines du Chicago house. De
plus, il agrémente ses compositions d’éléments de genres plus obscurs comme la Bmore
house, l’Orlando breaks, le Latin house new-yorkais, l’Ambient house et de certains échos de la
première vague techno issue de Détroit.
Son approche, à la fois numérique et analogique, revisite avec aisance cette vaste étendue de
fêtes clandestines des grands centres urbains. Accompagné de ses mythiques boîtes à rythmes
Roland 727 et 808, il donne un côté résolument festif à ses pistes et un je-ne-sais-quoi de
street. Slap Happy n’est pas une réalisation déconstruisant ses influences, au contraire, elle les
célèbre à travers ses différentes manifestations minimalistes et réussit à saisir leur essence en
les réhabilitant respectueusement.
Serait-ce un acte de protestation contre l’actuel paysage électronique ou plutôt une ludique
mission de résurrection? L’engouement vintage d’Edwards est une réminiscence tout en
maturité, un exercice de pastiche qui se mue en travail de transmission des racines
électroniques de la nuit américaine. La cent-cinquantième parution chez L.I.E.S. illustre
l’élégance dépouillée de courants loin d’être démodés, magnifiés par cette mise à jour
contemporaine.