Tout connaisseur de musique électronique sait qu’Autechre, tandem anglais jadis associé à la tendance IDM, est un incontournable. Depuis trois décennies, le duo britannique nous a offert des œuvres et concerts majeurs. Nous voilà au 14e album studio signé Rob Brown et Sean Booth et… Sign exige plusieurs écoutes avant que l’on puisse trancher. Ça démarre dans l’abstraction électroacoustique, on y ressent un bel esprit de recherche et… plus on avance au fil des onze pièces au programme, plus la proposition manque de souffle. Pourquoi cette impression ? D’aucuns reprochent à Autechre d’avoir fait trop compliqué depuis au moins une décennie. Ceux-là se réjouissent du retour de la mélodie, des motifs conviviaux, de la décroissance de hachures et des recherches texturales au profit de compositions ambient plus digestes. En revanche, d’autres mélomanes seront refroidis par ce qu’ils considéreront un retour en arrière ou, pis encore, une errance dans la facilité. Nous revoilà au cœur du sempiternel conflit entre les tenants de la pop culture réprouvant toute attention soutenue des structures chez l’auditeur et les défenseurs de la recherche fondamentale et des avancées historiques en matière de composition à l’ère numérique. Par les temps qui courent, la première tendance l’emporte largement sur la seconde, et on peut supposer que les artistes d’Autechre en ont pris acte, d’où ce retour à des formes plus consensuelles. Ainsi, les harmonies et mélodies ici proposées sont plutôt banales, chapelets de motifs répétés au synthé, assortis d’ornements synthétiques au service de progressions harmoniques pas plus complexes que celles d’une chanson pop ou d’une pop instrumentale destinée à des auditoires de masse. Le problème ici n’est pas tant le retour à la mélodie et l’harmonie consonante que de leur minceur et leur trivialité. Un équilibre entre accessibilité et recherche était probablement souhaité, mais la prévisibilité des formes persiste au fil des écoutes. Signe des temps ?
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