Après avoir conquis la scène post-punk mondiale avec un premier album, Songs of Praise, en 2018, puis avoir sorti sa suite, Drunk Tank Pink, en 2021, qui a été acclamée par la critique, le groupe londonien Shame était de retour la semaine dernière avec son troisième album, Food for Worms, sur le label américain Dead Oceans.
J’ai tout de suite été frappé par l’illustration de la pochette – un portrait surréaliste et accrocheur de plusieurs personnes en grenouillères à pois nageant sous les étoiles, peint par l’artiste de renommée mondiale, Marcel Dzama – qui convient parfaitement à la profondeur émotionnelle et sonore que je m’apprêtais à vivre. Le premier morceau, Fingers of Steel, commence par une mélodie de piano distante et saturée de réverbération qui évoque l’indie-rock de la fin des années 2000, mais il se transforme rapidement en un son plus classique de Shame : une batterie chargée, des lignes de basse entraînantes, des guitares stéréo qui travaillent les unes avec les autres et les habituelles voix criées derrière le chant narquois, à moitié parlé, du frontman Charlie Steen.
Peu après, les chansons se transforment en quelque chose de tout à fait différent, intégrant de multiples influences que l’on n’aurait pas pensé pouvoir combiner, comme le folk-rock, l’art-punk, la britpop et le post-rock. Pensez à Chairs Missing de Wire qui rencontre On the Beach de Neil Young avec un peu de Spiderland de Slint.
D’un côté, des titres comme Yankees, Adderall, Orchid et All of the People ont un côté chanson d’auteur, ballades douces-amères assorties de refrains poignants et d’harmonies vocales plus élaborées. De l’autre côté, Six-Pack, Alibis, The Fall of Paul et Different Person conservent cette énergie vigoureuse que l’on trouvait dans les disques précédents.
Cet album ressemble à un dimanche matin à l’aube, lorsque l’excitation de la veille vous frappe, ce moment de pure vulnérabilité dans lequel vous pouvez mettre votre cœur sur votre mache et être brutalement honnête avec vos proches, leur dire les plus dures vérités ou admettre vos méfaits du passé. Mais surtout, il ressemble à la confiance et àl’amour que vous ne pouvez obtenir que de vos plus vieux et plus proches amis.