Samuel Hasselhorn est un baryton allemand né à Göttingen (je ne sais pas s‘il connaît la chanson de Barbara!) et gagnant du Concours musical international Reine Élisabeth de Belgique 2018. C’est une étoile montante du chant lyrique, ce que prouve sans l’ombre d’un doute cet album grandement réussi, Urlicht – Songs of Death and Resurrection.
D’abord, un programme magnifique fait de chefs-d’œuvre connus et moins connus du Post-Romantisme germanique. Et, surtout, Hasselhorn lui-même, magistral dans la beauté d’un instrument parfaitement équilibré, bellement coussiné dans les graves et aisé dans les aigus. Et puis, une diction et un jeu incarné qui rendent justice aux textes. Hasselhorn mord dans les consonnes (ces rrroulements sardoniques dans Revelge, de Mahler!), il se fait le véhicule d’émotions à la fois puissantes, sincères et naturelles, dans chacun de ces lied mélancoliques, souvent embrumés par l’idée du deuil, mais rayonnants, tout de même, d’une lumière pénétrante qui vibre à travers chaque particule de l’espace sonore. Si cela semble contradictoire, ça l’est, car la réalité holistique de cette musique est qu’elle est ceci et cela, tout à la fois. Elle est totalité : émotion, spiritualité, intellect et transcendance. Hasselhorn et l’orchestre de Poznan lui rendent absolue justice, l’orchestre resplendissant de subtilités chromatiques. Ce faisant, nous sommes happés, enveloppés par cette beauté poignante, dans tous les plis et replis les plus subtils de ses multiples dimensions. Hasselhorn se distingue particulièrement dans la caractérisation fébrilement réaliste des univers évoqués. L’un des meilleurs exemples : Herr Oluf de Pfitzner, avec ces saisissants écarts de caractère et d’atmosphère, idéalement maîtrisés par le baryton de 34 ans. Autres moments forts : le sublime Urlicht de Mahler, magique, tout simplement, et Der alte garten de Zemlinsky, subjuguant.
Dans la lignée d’un Christian Gerhaher.