L’étiquette allemande Analog Africa réitère notre curiosité pour la culture amazonienne après la récente parution d’une compilation ciblant la ville de Belém au nord du Brésil. Le chercheur de trésors de renom, Samy Ben Redjeb, traverse la frontière, cette fois-ci direction Iquitos, pour nous faire découvrir la chicha de Ranil en plein cœur de la jungle péruvienne.
Déclinaison méconnue de la cumbia colombienne née au Pérou à la fin des années 60, la chicha refait surface depuis quelques années grâce à des rééditions de qualité. Ce genre inusité se retrouve au carrefour du surf rock, du rock psychédélique et de la musique andine traditionnelle. Les percussions, la guitare électrique et ses effets de pédales y jouent un rôle central.
Personnalité plus grande que nature, Ranil, de son vrai nom Raúl Llerena Vásquez, développa au début des années 70 une approche personnelle empreinte d’influences liméniennes en perfectionnant sa signature auprès des nombreuses sources musicales ceinturant la région amazonienne. On y décèle des soupçons de huayño, de valse criollo, de carimbó brésilien et de cumbia colombienne. Les titres, en grande majorité instrumentaux, et bercés par des mélodies sans âge, s’enchaînent avec une efficacité remarquable.
Enregistrant une quinzaine d’albums sur son étiquette maison, Producciones Llerena, Ranil et sa formation ont connu un succès local sans toutefois goûter à la gloire réservée aux artistes de la capitale. Ses disques sont aujourd’hui d’une extrême rareté et prisés par les collectionneurs du monde entier. Les quatorze morceaux réunis sur cette compilation furent d’ailleurs directement offerts par Ranil lui-même. Une sortie d’exception à ne pas négliger où s’embrassent mélancolie tropicale et soleil électrique.