Le temps que les maisons s’écroulent du quatuor Quinos est principalement fait de longues constructions sonores (genre post-rock rencontre Pat Metheny) assises sur une architecture fluide et changeante qui sert de base aux inventions souvent expansives des divers membres du groupe.
Nous sommes ainsi invités dans des promenades sonores étendues, faites d’impressions et d’inspirations qui construisent un canevas métamorphique à mesure qu’on avance et que le panorama se déploie devant nous. Il y a certainement quelque chose de nordique, dans l’esprit du jazz scandinave, dans ce paysage musical. Ainsi, les épisodes contemplatifs s’enchaînent à des passages étonnants, parfois inquiétants, parfois intrigants, parfois plus clairement tempétueux, et vice versa. Bien que le fil d’Ariane du propos d’ensemble donne l’impression de s’éparpiller un peu, on réussit à demeurer sur le chemin si on se focalise sur l’émotion exprimée. Ces deux premières pièces, qui font respectivement 25 et 36 minutes, sont suivies de trois courtes visions d’environ trois minutes chacune. Ces dernières sont bienvenues car elles font la démonstration que le quartette est en mesure de ramasser ses idées et d’en faire des synthèses efficaces. Je trouve que la densité musicale et intellectuelle imposée par la courte durée de ces trois ‘’dernières pensées’’ sert bien l’univers du groupe et l’impact voulu de sa musique. J’en aurais voulu plus.
Le terreau conceptuel est campé dans les glissements de terrain qui ont ravagé le Saguenay à l’été 2022. Sur la base d’une retraite de création dans la région, c’est quelque part entre Laterrière et La Baie que les molécules thématiques ont fini par prendre forme et devenir vivante dans un ensemble prêt à être dévoilé.
Alex Dodier – saxophone ténor, effets et claviers/keyboard
Mathieu Létourneau – Batterie/Drums
Louis Beaudoin-de la Sablonnière – guitare 7 cordes / 7 cords guitar
Guillaume Tremblay – Saxophone alto, Fender Rhodes et claviers/keyboards