Il y a de ces chansons qui, bien qu’ayant été créées il y a plus d’un demi-siècle, résonnent encore fréquemment dans des récitals, sur certaines chaînes ou comme bande-son, entre autres. On ne les confondra certes pas avec les créations de pointe, mais on ne les estimera pas décaties pour autant. Nous n’avons pas oublié ces airs et, qui plus est, nous sommes généralement heureux de les entendre encore; voilà qui est un gage de leur intemporalité. Prenons L’Auvergnat, qui célèbre cette année son 66e anniversaire de création. Personne ne songerait à qualifier ce joyau chansonnier de relique, tant sa beauté est inaltérable, tant son propos est indémodable.
Cette fable de Brassens est l’une des onze pièces qu’Anique Granger et Benoît Archambault, amoureux dans la vie et amants de la chanson, cofondateurs du duo Prairie Comeau, ont décidé de reprendre sur cet album homonyme. Pour ceux qui, comme votre humble serviteur, n’auraient pas saisi d’emblée le calembour, « Prairie Comeau » est dérivé de Perry Como, crooner jadis ultrapopulaire. « Prairie » à cause des origines d’Anique Granger, Fransaskoise de naissance.
On connaît déjà Anique pour ses albums folk, c’est une auteure-compositrice-interprète accomplie. Benoît, quant à lui, est claviériste, trompettiste, accordéoniste, percussionniste et choriste chez Mes Aïeux, en plus d’être un populaire auteur-compositeur de livres-albums pour la jeunesse.
Figurent aussi sur ce recueil Le ciel se marie avec la mer de Jacques Blanchet, Le temps des cerises de Jean Baptiste Clément et Antoine Renard, Notre sentier de Félix, How Wild the Wind Blows de la poétesse galloise Molly Drake (maman du cultissime Nick Drake, pour les tronches du rock), Speak Low de Kurt Weil et Ogden Nash, Lisandre (traditionnelle), L’eau vive de Guy Béart, Singing the Blues de Melvin Endsley, Smoke Gets in Your Eyes de Jerome Kern et Otto Harbach, popularisée par les Platters, et, pour ceux qui rêvent du retour des Expos, Take Me Out to the Ball Game de Jack Norworth et Albert Von Tilzer.
Des reprises exécutées avec goût et finesse par des artisans qui ont à cœur la transmission de la mémoire chansonnière. Les musicophiles qui entrevoient une magnifique transposition sur scène, en format intime, devront bien sûr s’armer de patience.