L’accordéon au 21e siècle peut s’aventurer très loin de ses origines populaires et folkloriques. À preuve, cet album de musique contemporaine pour accordéon et orchestre du compositeur danois Poul Ruders (né en 1949). Des trois pièces de ce Dream Catcher, je suis principalement séduit par un récent concerto de Ruders (2018) intitulé Sound and Simplicity. Il y a en effet quelque chose de simple et surtout séduisant dans ces sonorités poétiques, dessinant un paysage de type impressionniste abstrait, tout en délicatesse de traits et de textures. Comme un ballet de volutes colorées de teintes plus ou moins lumineuses, les épisodes plus ou moins denses, plus ou moins agités, s’entremêlent avec joliesse et dextérité.
La Serenade on the Shores of the Cosmic Ocean se meut dans le même genre d’univers, mais en solo. Bjarke Mogensen tisse sa toile sonore avec élégance. La pièce-titre, Dream Catcher (en vérité, la Symphonie no 3 de Ruders) est malheureusement plus convenue. Textures fortement accidentées, saillances sonores amères, parfois astringentes, atonalisme sévère et rythmes disjoints donnent l’impression d’une œuvre prévisible. Même si cela n’enlève rien à sa qualité d’écriture, avec ses passages suggestifs, parfois même excitants, on se dit qu’en cette deuxième décennie du 21e siècle qui s’amorce, on est en droit de s’attendre à autre chose.