Charlotte Cardin a une très belle voix, un timbre de même cousinage que celui d’Amy Winehouse et de Lou Doillon, pour ne nommer que ces évidences. La chanteuse a les attributs nécessaires aux grandes carrières pop, autre évidence. Québécoise francophone, elle s’exprime en anglais pour un marché mondialisé, pour lequel l’usage de la lingua franca est obligatoire – sauf quelques ajouts exotiques dans la langue maternelle. On sait aussi que plusieurs chansons de Charlotte Cardin, rendues publiques depuis 2015, ont frappé dans le mille… particulièrement chez les francophones d’Amérique mais aussi auprès d’une vague périphérie de fans issus du monde entier. La question est maintenant de savoir si ces chansons d’un album pop attendu depuis des années pourront bénéficier de la fenêtre espace-temps absolument nécessaire au succès pop de ce type. Il est permis d’en douter, car il existe tant de chanteuses ou chanteurs doués vocalement, dans tous les recoins de l’Occident et plus encore, qui attaquent le big marché chaque semaine… et qui passent rarement à l’étape suivante. Inutile de préciser que très peu de prétendants gagnent à cette loterie avec pourtant des albums très bien construits, remplis d’accroches pop et de jolis arrangements. C’est dire que tout est OK chez Charlotte, tout est efficacement pop et… rien n’est exceptionnel dans la réalisation générique de Jason Brando. La suite des choses sera une affaire de chance ou de stratégie brillante côté business: ou bien la vedette keb pourra surfer sur un effet de meute généré par son public actuel s’il est assez fervent et contagieux, ou bien percera-t-elle via une très futée et très puissante organisation qui procédera à sa mise en marché hors des frontières canadiennes. Ou encore… Good luck Charlotte.
