Peu active en dehors de la Lituanie, mis à part sa participation à certains festivals notables en Europe, la formation Solo Ansamblis jouit d’une belle renommée dans son pays natal. Ses quatre membres décrivent leur style musical comme relevant de la sad dance.
Leur musique décalée, version obscure, utilise instruments traditionnels, analogiques et numériques. En résulte un traitement minimaliste où de multiples voies sonores se croisent sans faire grand cas les unes des autres, en proie à quelques tressautements nerveux. Cela s’entend également dans les jeux de voix : en duo, se parlant sans s’entendre, chacune dans sa déclamation, parlée ou égosillée, ou encore en solo, hachurée par des effets d’écho, renvoyant son propre appel solitaire. Solo Ansamblis signifie d’ailleurs « ensemble solo », d’où cette étrange et envoûtante musicalité. L’exception est la pièce la plus douce de l’album, Neturėjom Dainos, où les voix s’unissent le temps d’une lamentation.
Si une certaine gradation s’entend sur l’album, le fil d’Ariane en demeure une contemplation du chaos, d’abord allègre, puis s’appesantissant. Les trois dernières pièces sont les plus troubles, d’esprit presque industriel. Sur Netildai, la pesanteur devient dansante, dans un délire de dissonances. Nepabust, qui clôture l’album, loin de la frénésie, est carrément poignante. Alors que le reste de l’album est très sautillant, les âmes en peine ne tiennent plus la douleur à distance, mais l’embrassent à tous égards.