Dans Trancestral de l’ensemble Oktoecho, la culture des Premières nations (Innu, Inuit, Métis, Nakoda, Kanien’kehá:ka (Mohawk) et Anichinabé) rencontre le monde arabo-musulman profane et mystique soufi. Et c’est à travers la musique originale et les arrangements contemporains issus de la culture savante occidentale de Katia Makdissi-Warren, compositrice née d’une mère libanaise et d’un père québécois, que s’opère la synthèse.
Vous supputez le crossover? Vous avez raison, c’en est, et du bon. Le syncrétisme, sans être de nature harmonique savante (c’est au contraire très world beat), est intégré de manière organique à travers une rythmique appuyée par force percussions et quelques ajouts électros.
On y retrouve tout ce qui fait un excellent album de world music, tel que défini par les catégorisations conventionnelles : des mélodies accrocheuses (essayez la plage 2, niki pawâtin : un ver d’oreille!), des grooves entraînants, des sonorités riches d’une instrumentation presque pléthorique pour ce genre de production (flûtes traditionnelles, ouds, kanun, percus autochtones, cordes classiques, piano, nay, et j’en passe) et des voix de tous genres (vocalistes de gorge inuit, traditionnels de pow wow, soufi, auxquels s’ajoute la narration occasionnelle de la légendaire Joséphine Bacon!). Sur scène, des danseurs soufis, derviches tourneurs et traditionnels autochtones s’ajoutent à la mosaïque.
Trancestral est une sorte de potage copieux issu d’une nouvelle cuisine musicale uniquement possible par son épanouissement dans le Québec contemporain post identitarisme exclusif. Pas de Révolution artistique ici, mais un beau message et une vision d’avenir séduisante.